Après GF38 – OM : opération séduction réussie
« Papa, le GF38 c’est les plus forts ». Les images, les symboles, ne manquent pas après la qualification de Grenoble face à l’Olympique de Marseille. Nous aurions pu vous parler de la hargne de « captain BenGrinta », de ce moment où Florian Thauvin et Nassim Akrour se sont croisés lors de la séance des tirs au but, de la joie d’après-match… Mais cette petite phrase, prononcée par un garçonnet à l’issue de la rencontre, nous semble porteuse d’un message plus fort. Retour sur une soirée qui fera date dans l’histoire du football grenoblois.
Le GF38 ne remportera pas la Coupe de France. Nous faisons même partie de la frange qui espère désormais une élimination rapide, si possible en tombant avec les honneurs contre un autre « gros ». Mais ce match face au leader de Ligue 1 n’en était pas moins une étape primordiale dans la reconstruction du club. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’opération séduction fut une réussite quasi totale.
Des Grenoblois au niveau
Sur le terrain, déjà. Morts de faim dès les premières secondes de jeu, Selim Bengriba et ses partenaires ont conquis la France du football. Il y aura sûrement quelques esprits chagrins pour parler – peut-être à juste titre – de la qualité de la pelouse ou de l’excès de confiance des Marseillais. Mais ce serait réduire la performance des joueurs d’Olivier Saragaglia.
Pendant 30 minutes, l’OM a été bousculée comme rarement depuis le début de la saison. Agressifs sur le porteur du ballon, ne ménageant pas leurs efforts en matière de pressing et de repli défensif – quel match à la récupération de Pinto Borges ! – les Isérois ont dominé le début de rencontre, à l’image d’un Fabien Tchenkoua qui a martyrisé le pauvre Morel sur chacune de ses accélérations sur le côté droit.
Des efforts qui n’ont d’ailleurs pas spécialement porté leurs fruits. Dans le sillage de l’efficacité de Gignac, c’est en effet Marseille qui regagnait les vestiaires devant au tableau d’affichage (1-2) malgré l’égalisation de Mourad Nasrallah et plusieurs opportunité (5 tirs cadrés en première période pour le GF38).
Si les Grenoblois ont montré quelques légitimes signes de fatigue à la fin du premier acte, ils sont repartis tambours battants en seconde période, Farès Hachi remettant avec opportunisme les deux équipes à égalité dès le retour des vestiaires.
La suite fut plus difficile face à des Marseillais prenant le jeu à leur compte. Mais même s’ils ont un peu plus reculé, les pensionnaires du Stade des Alpes n’ont jamais oublié de se projeter vers l’avant dès que l’occasion s’est présentée.
Le but litigieux marqué par les Phocéens par l’intermédiaire d’Ayew en prolongation aurait pu sonner le glas des espoirs alpins. C’était sans compter sur Selim Bengriba qui venait placer une tête rageuse sur un centre de Christopher Joufreau (on notera au passage les bonnes rentrées de ce dernier mais aussi de Giraudon et Kamissoko) à la dernière seconde du match.
La séance des tirs au but faisait la part belle aux tireurs… à l’exception de Florian Thauvin qui voyait sa tentative repoussée par Paul Cattier.
La qualification face au leader de Ligue 1 n’est en rien usurpée. L’objectif sportif était de ne pas avoir l’air ridicule aux yeux de la France du football. Au final la bande de Saragaglia aura gagné son pari, bien au-delà même.
Une image redorée
S’il était important que la réussite sportive soit au rendez-vous, le club avait également là une occasion unique de soigner son image au niveau national. Là encore le contrat fut rempli. On soulignera le remarquable travail des bénévoles, à pied d’œuvre dès 9 heures du matin. Au niveau anecdotique, plus de 70 journalistes ont été accrédités pour le match, soit nettement plus que pour les matchs du Top 14 et un chiffre au niveau des grosses affiches du temps de la L1 (Marseille, Paris, Lyon…). Même si l’exploit n’avait pas été au bout, le GF aurait fait parler de lui – et en positif pour une fois ! Là encore il s’agissait d’une étape importante dans le processus de reconstruction. Le football de haut niveau a sa place à Grenoble. Une vérité connue déjà par les quelques milliers de suiveurs habituels mais qui aura sans doute éclaté aux yeux de beaucoup. Voilà qui devrait en outre peut-être convaincre quelques partenaires supplémentaires de s’engager dans le développement du club !
Un public conquis ?
Histoire d’être un peu ronchon, on peut regretter le côté un peu trop « spectateur » et pas assez « supporter » d’une large partie du public du Stade des Alpes (affluence : 18319). Quand après 75 minutes de jeu on tient en échec le leader de la Ligue 1, on pourrait s’attendre à ce que les gens poussent un peu plus bruyamment le petit poucet à l’exploit…
La bonne surprise fut en revanche que ce public fut quand même massivement pro-grenoblois là où la crainte de voir l’OM fortement soutenue était réelle. On ne revient même plus sur la qualité du kop du GF38, égal à lui même, même « délocalisé » en Ouest.
La vraie question : Grenoble va-t-il capitaliser sur son exploit pour accueillir quelques uns de ces « néophytes » en championnat ? Personnellement, on y croit ! La soirée a été belle, les joueurs extraordinaires et l’organisation réussie. On aura la réponse dès samedi prochain face à Lyon Duchère, mais une affluence d’au moins 3000 personnes ne semble pas illusoire. En attendant de peut-être remplir le stade à nouveau lors du prochain tour de Coupe de France…
« Papa, le GF38 c’est les plus forts ». La vraie victoire, elle est là. Un petit garçon, les yeux émerveillés, qui s’est découvert de nouvelles « idoles », qui voudra revenir au stade, pourquoi pas prendre une licence au club et revêtir le maillot qui l’a fait rêver. Grenoble a réussi son opération séduction. Une étape, décisive, vient d’être franchie. La prochaine sera encore plus importante : l’accession en National.