Après Rodez – GF38 (1-0) : des raisons d’espérer
La crise couve-t-elle à Grenoble ? D’un point de vue purement sportif – et malgré la mauvaise série du moment, le terme semble un peu fort. La montée en National est en effet loin d’être compromise (ou acquise) et il reste encore 10 matchs, soit le tiers de la saison (!) pour atteindre cet objectif. L’ambiance ne respire en revanche pas la sérénité. Doux euphémisme.
Il nous a semblé donc intéressant de dépassionner notre analyse du match à Rodez en interrogeant Maxime Raynaud, journaliste pour Centre Presse Aveyron et attentif spectateur de la rencontre. Fin connaisseur du CFA – il suit le RAF depuis plusieurs saisons, il nous permettra d’avoir un regard extérieur, neuf et plus « neutre » sur la performance iséroise de mercredi et sur les maux alpins du moment. Une interview qui, comme vous le constaterez, tournera beaucoup autour des mots clés « doute » et « confiance ».
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Maxime, avant d’aborder le cas GF38, peux-tu nous donner le sentiment qui anime Rodez après cette victoire ?
C’est avant tout un gros soulagement. C’est la première fois depuis le début de saison que le RAF compte autant d’avance par rapport à la zone rouge (+8). On a surtout le sentiment d’avoir retrouvé une équipe qui a du gaz, de l’envie, de la solidarité. Autant de choses qu’elle semblait avoir perdu ces derniers mois. Il y a eu pas mal de changements par rapport à l’équipe victorieuse à Chasselay mais la victoire a quand même été au bout : c’est tout le groupe qui est impliqué, qui croit en lui, confiant dans ses qualités.
Les deux victoires de Rodez ont fait suite à un changement d’entraîneur… Une recette qui peut donc fonctionner à ce stade de la saison (sous-entendu est-ce que cela pourrait fonctionner à Grenoble, ndlr) ?
Ursulle le dit lui même : ce n’est pas le changement d’entraîneur qui a joué, c’est le changement tout court. Il y avait besoin d’un électrochoc. Cet électrochoc peut intervenir de différentes manières. Je ne sais pas si c’est forcément la marche à suivre dans d’autres contextes.
Pour finir sur le RAF, vous allez recevoir Martigues, le 2ème, ce samedi…
L’entraîneur a donné sa conférence de presse d’avant-match ce matin : il veut que ses joueurs appliquent la même recette que face à Grenoble. Solidité, solidarité, courage. Certains joueurs m’ont dit après Grenoble « c’était très moche comme victoire mais tant pis ». On sent que les mecs veulent avant tout aller au combat. Et ils auront envie de battre Martigues. D’autant que c’est un peu la bête noire du RAF. Si je me souviens bien des stats, jusqu’à la victoire de l’an passé cela faisait 14 ans que Rodez n’avait plus réussi à battre le FCM.
Abordons le match de mercredi. En une phrase comment définirais-tu le résultat du match ?
Un peu sévère pour Grenoble. Ce 1-0 n’est pas non plus un vol mais il y aurait pu avoir nul ou victoire 2-1 de Grenoble sans qu’il n’y ait rien à redire.
Sur quel(s) détail(s) estimes-tu que cela se soit joué ?
Le doute, offensivement surtout. Des gestes ratés devant le but notamment. On sent vraiment le manque de confiance. Un exemple qui m’a marqué : en fin de première période Ayari se présente seul devant Rascle, après avoir éliminé son défenseur ; il n’a plus qu’à frapper mais il préfère passer à Militosyan qui est hors-jeu de 2 mètres. Ce genre d’action ne trompe pas.
Le RAF a eu deux grosses actions et en a converti une mais a su aller chercher la victoire au mental.
Manque d’envie, animation offensive pauvre et déchet sur coups de pied arrêtés avaient été pointés du doigt lors des dernières sorties grenobloises. Peux-tu nous livrer ton sentiment sur ces différents aspects en ce qui concerne le match de mercredi ?
Sur l’envie je n’avais jamais vu une équipe mettre autant d’intensité cette saison lors des 15 premières minutes du match. A ce niveau là vous pouvez donc être rassuré à Grenoble. C’était vraiment incroyable. Après Rodez a su refaire surface dans ce domaine. C’est aussi une des grosses qualités de l’équipe, les joueurs du RAF ont su mettre de l’agressivité et gagner des duels. Mais les Grenoblois ne se sont jamais échappés.
On peut souligner l’impact d’un joueur à ce niveau là : Bengriba que j’ai trouvé impressionnant dans les duels. Sa sortie a d’ailleurs fait du mal à son équipe.
Sur les coups de pied arrêté je me souviens d’un corner de Joufreau repris par Kamissoko qui a été très dangereux, sinon rien d’exceptionnel effectivement.
Sur l’animation offensive j’ai trouvé ça plutôt pas mal dans l’ensemble même si c’est un peu sur « courant alternatif ». On sent qu’il y a une volonté collective, qu’il y a une identité de jeu, que cela peut déboucher sur des belles séquences – il y a eu trois occasions vraiment très nettes lors du match – mais cela repose peut-être un peu trop sur quelques fulgurances. Finalement on a vu Akrour surtout en première période et beaucoup moins par la suite, Nasrallah seulement sur quelques occasions. Le plus intéressant à mes yeux a été Militosyan mais qui a peut être tendance à ne pas lâcher assez vite son ballon. Plus le match a avancé et plus j’ai senti que Grenoble avait du mal à déstabiliser le bloc de Rodez.
Petite parenthèse : as-tu trouvé que le RAF avait retrouvé son niveau de jeu de l’an passé, qui en avait fait un candidat à la montée en National jusqu’à la dernière journée ?
Sur la solidité défensive et l’envie oui. Grenoble n’est pas tombé sur le Rodez du début de saison qui prenait énormément de but. Après au niveau de la production du jeu non. Le RAF s’est surtout contenté de jouer en contres, ce qui a peut-être beaucoup gêné le GF38 d’ailleurs.
Sur quel(s) aspect(s) du jeu Grenoble a-t-il finalement le plus pêché à tes yeux ?
Je vais revenir sur ce que je t’ai dit un peu avant : le manque de confiance. Sans parler des grosses occasions manquées, j’ai vu des gestes techniques manqués par des joueurs qui ont pourtant d’énormes qualités à ce niveau là : Joufreau qui a manqué des gestes simples, ou Thomas qui a voulu tenter des dribbles au milieu du terrain et qui s’est fait contrer à chaque fois. C’était inexplicable. Tu rajoutes un tout petit plus de confiance et la réussite qui va avec et ça peut tout changer au niveau du résultat.
Sur ce que j’ai vu hier et ce que je savais déjà, Grenoble a le meilleur potentiel technique de la poule. Il ne manque sans doute pas grand chose pour relancer la machine : une victoire, des buts pour que la confiance revienne.
Un petit prono’ sur l’équipe qui montera en National ?
Je te dirais juste qu’à mon avis Béziers, Martigues et Grenoble vont lutter à trois jusqu’au bout. Je dirais bien que Béziers semble au-dessous niveau jeu mais j’aurais dit la même chose de Consolat l’an passé. Depuis que je suis Rodez en CFA, c’est rarement la plus belle équipe qui monte. Je me souviens notamment d’Uzès dont le seul leitmotiv était « combat, combat, combat » et ils sont montés en National grâce à ça. Mais sur ce que j’ai vu hier je ne me fais pas de soucis, Grenoble sera là jusqu’au bout pour jouer sa carte.