Entretien avec Issa Saffi entraîneur du FC Chavanoz
Entretien réalisé en partenariat avec Foot Amateur.
Bonjour Issa, quel regard portes-tu sur cette première saison en élite du FC Chavanoz ?
On est passé par plusieurs phases. D’abord ça a été compliqué sur l’organisation, les nouveaux joueurs, les gymnases… Sportivement j’ai trouvé ça pourtant plutôt pas mal mais les matchs nuls qu’on a concédé dans les dernières secondes contre Toulon, contre Hérouville n’ont pas aidé. Cela nous a laissé dans une spirale négative alors que les victoires nous tendaient les bras. Cette première victoire aurait pu nous donner une impulsion Et le temps de trouver vraiment la force pour gagner un match il y a eu une deuxième phase avec les complications au niveau des joueurs, les blessés. J’ai fini avec la moitié de mes joueurs.
Seule la D1 a pu jouer en futsal lors de cette saison très particulière. Avec un peu de recul quel est ton avis sur ce choix ?
50-50 honnêtement. On était content de jouer. Ca a permis de rester en éveil, d’avoir la chance tout simplement de pouvoir pratiquer notre discipline. Maintenant quand tu as personnes dans les tribunes t’as l’impression quand t’es en match d’être dans une sorte d’amical. C’est spécial, surtout en division 1 où on s’attendait à vivre des moments spécialement « forts ». Le COVID nous a fait du mal. A ce niveau on n’a pas réussi à s’adapter, en tout cas il nous a manqué l’aide supplémentaire qu’on avait l’habitude d’avoir avec tout le monde qui a l’habitude de nous soutenir.
Tu évoquais les matchs nuls concédés qui vous ont lancé dans une mauvaise dynamique. L’apport du public aurait pu être un vrai plus sur ces matchs là par exemple ?
On peut imaginer que ça nous aurait apporté un petit supplément. Après on pourra toujours dire « avec des si » mais je suis certains qu’on aurait pu faire mieux avec du monde pour nous pousser sur les quelques secondes à la fin. Ce public a toujours été une incroyable force à Chavanoz. Même sur des temps un petit peu plus faibles pendant le match ou quand c’était compliqué à revenir.
Quels ont été les domaines où vous avez le plus souffert à tes yeux pour cette première saison en élite ?
La D1 a un niveau vraiment très élevé déjà , par rapport à ce qu’on avait connu. Tactiquement nous on est toujours en apprentissage et il me semble que l’équipe a pris un petit peu de temps pour « s’adapter » aux exigences du niveau. Pour te donner une idée un peu plus précise on avait une défaillance sur la vitesse d’exécution. On avait un temps de retard, donc on n’a pas réussi à développer le jeu que l’on souhaitait. Derrière ça j’ai eu une partie des joueurs qui ont été « défaitistes » autour de la possibilité de réussir tout de suite donc on a changé les choses, le système pour trouver un jeu un peu plus direct le temps de s’habituer à cette vitesse de jeu et puis ré-installer doucement ce qu’on voulait faire.
Est-ce que malgré ces difficultés, tu as le sentiment que l’équipe, que le club sont parvenus à grandir pendant cette saison ?
Malgré tout je pense qu’à titre individuel les joueurs ont bien progressé. Ensuite collectivement c’est sûr que tactiquement on a vraiment poussé un cran et surtout un gros gain d’expérience vu le niveau de nos adversaires. Quand tu joues des adversaires comme ça tous les week-end tu as forcément une palette qui vient s’offrir à toi aussi. Cela a donné beaucoup d’expérience à mes joueurs, ça m’a donné beaucoup d’expérience à moi aussi. Maintenant, je reste quand même sur certains petits regrets car je pense qu’on aurait pu mieux faire dans l’acquisition du niveau tactique, dans l’acquisition des compétences. C’était compliqué pour mes joueurs, un petit peu en dents de scie. On a pas eu la mayonnaise qu’on a l’habitude de créer. Cela a été un peu compliqué autour des défaites…
Chavanoz a été habitué à beaucoup gagner ces dernières saisons, avec beaucoup de montées en peu de temps. Est-ce que cette « acceptation de la défaite » a aussi été un point problématique à intégrer ?
Effectivement. Pour moi il y a des joueurs qui peuvent jouer le maintien et d’autres non. Ce n’est même pas une question de niveau individuel. Cela peut paraître bête ce que je te dis mais il y a une dimension mentale à jouer le maintien qui est bien spécifique. Tu as même des top joueurs qui ne sont pas capables de jouer ce championnat là .
Tu t’aperçois qu’une partie des joueurs n’ont pas cette capacité là à passer au-dessus, on le sentait les lundis après une défaite le week-end. Certains peuvent progresser, certains ont progressé, ont pris du plomb dans la cervelle après une saison comme celle ci et sont désormais plus armés. Mais mon avis personnel c’est qu’il y a des joueurs qui n’y arriveront jamais, qui n’ont pas ce mental là . C’est justement ce qui fait la différence entre un joueur amateur qui ne peut pas passer le cap et un joueur professionnalisable ou déjà pro dans ses agissements. Certains sont plutôt aptes à jouer avec des équipes qui tournent ou qui jouent au moins le milieu de tableau. Je me suis rendu compte que c’était un aspect très difficile à gérer pour chaque joueur.
Comment tu vois la suite, ne serait-ce qu’au niveau du championnat dans lequel vous jouerez la saison prochaine ?
Pour le championnat on est comme n’importe quel lecteur pour le moment : dans l’incertitude. Ce qui complique notre intersaison à plusieurs niveaux.
Plus globalement sur la suite on est à la fin d’un cycle. Cela fait presque 10 ans qu’on tourne avec beaucoup des mêmes joueurs, qui ont pris de l’âge pour certains, qui ont d’autres ambitions pour d’autres ou qui ont envie de faire autre chose. Ce cycle là est entrain d’arrêter et on est entrain de « changer » les choses, recréer par la jeunesse, se focaliser toujours sur des joueurs de la région.
Finalement repartir en D2 ne serait pas si pénalisant que ça ?
Honnêtement on trouvera du positif quelque soit le championnat dans lequel on repartira. Maintenant si tu me demandes mon avis personnel moi j’aimerais bien repartir en D1 (rires) !