Gautier Supper : « J’aime m’évader le plus loin possible du sol »

Gautier Supper : « J’aime m’évader le plus loin possible du sol »

gautier supper a chamonixGautier Supper a signé la première victoire de sa carrière sur une étape de coupe du monde d’escalade de difficulté mi-juillet, à Briançon, devant plus de 8000 personnes. L’étudiant à Grenoble École de Management (GEM) revient pour Métro-Sports sur cette compétition, sur les grandes étapes de son parcours et sur ses prochains objectifs. Interview.

Gautier, avant d’en venir à ta victoire à Briançon, peux-tu nous retracer en quelques lignes ton parcours ?

J’ai commencé l’escalade à l’âge de 5 ans à Val d’Isère, avec mes parents et mon frère, là où j’ai habité jusqu’à mes 12 ans. Il y avait une très bonne ambiance dans ce club ce que j’ai tout de suite adoré. Ensuite j’ai déménagé à Chambéry, puis Grenoble depuis cette année.

Quelles ont été les grandes étapes de ta carrière, tes principaux résultats ?
Entre 2003 et 2009 j’ai évolué en catégorie jeune où j’ai été champion de France, d’Europe et vice-champion du Monde. En 2010, quand je suis  passé Senior, j’ai remporté le titre de champion de France d’escalade de vitesse et obtenu mon 1er podium en étape de coupe du monde (3ème en Chine). Sinon depuis 2009 je fais partie du top 10 mondial, et j’ai obtenu 3 podiums et 1 victoire d’étape de coupe du monde. Enfin, en falaise j’ai une voie réalisée en 9a.

Qu’est-ce qui t’a finalement attiré dans cette discipline ?

gautier supper 2Ce sport a toujours été pour moi une passion ; la compétition c’est pour m’éclater. J’aime me sentir maitre de mes mouvements, jouer avec l’inertie de mon corps, compter sur mes points forts et m’évader le plus loin possible du sol.

Comment définirais-tu ta « spécialité » ?

Je pratique en compétition l’escalade de difficulté, le principe de cette discipline est d’atteindre la prise la plus haute possible de la voie, sans contrainte de temps. Toutes les compétitions se déroulent sur des murs artificiels. C’est pourquoi je pratique aussi l’escalade en milieu naturel par pur plaisir.

Tes meilleurs souvenirs jusque là ?

Mes meilleurs souvenirs en compétitions sont mes podiums en France que j’ai pu partager avec ma famille, mes amis et tout le public notamment durant les championnats du monde jeune à Valence où je termine 2ème en 2009, une 3ème place en coupes du monde à Valence également en 2013.
Autrement des souvenirs de sessions d’escalade en falaise avec les amis, un bon pic nic, un grand moment de partage et de convivialité.

Quel était ton objectif personnel sur l’étape de Briançon et comment s’est déroulée ta compétition ?

gautier supperMes objectifs cette année sont de réaliser des podiums sur les étapes de coupes du monde avec (je l’espérais) gagner une étape. J’ai abordé cette compétition un peu tendu vis à vis de Chamonix qui avait eu lieu une semaine avant où j’ai vraiment senti que j’avais quelque chose à jouer en finale. A Briançon, j’avais une certaine pression dans les phases de qualifications car je voulais faire mieux qu’à Chamonix. J’ai vite compris qu’avec ce fonctionnement cela ne marcherait pas, j’ai un style de grimpe performant si j’arrive à me relâcher et à rythmer les mouvements, là je grimpais beaucoup trop tendu. En demi finale le soir même (où sont qualifiés les 26 meilleurs des qualifications) j’oublie tout le reste et je me concentre uniquement sur mon escalade, mouvement après mouvement, fixé sur l’objectif de réaliser la voie jusqu’au bout.
Je tombe au dernier mouvement de la voie et termine 1er de cette phase de demi-finale en faisant 4 mouvements de plus que les autres. Nous ne sommes donc plus que 8 compétiteurs pour la dernière voie de la compétition, la finale du lendemain.
Là on peut le dire la pression était à son comble, je me posais beaucoup de questions, forcement j’avais à cœur de réaliser la même performance que la veille. Cependant chaque voie est différente, en finale tout peut arriver, la moindre erreur et on est 8ème, si on ne prend pas de risques on est 8ème également. De plus, je passais dernier en finale, attendu par tout le public. Finalement je m’élance dans ma voie en oubliant tout le reste, un seul objectif : rester concentré sur mon escalade, prendre des risques si besoin, il faut accepter de jouer.
Dans cet élan, je passe tous les passages difficiles les uns après les autres et à un moment les 8000 spectateurs se sont réveillés en un bruit indescriptible… J’ai compris que j’avais gagné mais j’étais encore déconnecté, concentré sur mes mouvements suivants et dépasse le second de 6 mouvements. J’étais dans un bon weekend apparemment !
Il n’y a pas meilleure sensation que d’arriver à grimper comme cela en compétition, d’arriver à surmonter une telle pression qui au final m’aide à me concentrer et me dépasser.
Non cette pression là je ne l’avais pas, mais cela faisait plusieurs années que j’y pensais car lors de la dernière victoire française en 2005 j’étais présent devant l’écran et j’espérais que le suivant serait moi.

Quels sont tes prochains objectifs ?

Il reste encore 5 étapes de coupes du monde (Autriche, Norvège, Belgique, Chine, Slovénie) jusqu’à mi novembre. Désormais je souhaite réaliser d’autres podiums et continuer à me faire plaisir durant les compétitions.
L’an prochain nous allons avoir les championnats du monde à Paris Bercy en septembre 2016, on verra en temps voulu mais j’aimerais bien monter sur le podium là bas pour ce qui sera peut être ma dernière saison. Autrement j’espère obtenir mon master à Grenoble Ecole de Management en 2016 et continuer à développer mon entreprise de communication : Climbing Family.