Issa Saffi (FC Chavanoz) : « Quand tu enlèves le public au futsal, qu’est ce qu’il lui reste finalement ? »

Issa Saffi (FC Chavanoz) : « Quand tu enlèves le public au futsal, qu’est ce qu’il lui reste finalement ? »

Le FC Chavanoz, qui n’a toujours pas gagné depuis le début de la saison, est désormais dernier de D1 Futsal. Une entame difficile pour le promu. Mais pas de quoi résigner, loin de là, les futsaleurs nord-isérois. L’entraîneur Issa Saffi est revenu pour nous sur la situation sportive de son équipe et sur le contexte général compliqué pour Chavanoz comme pour l’ensemble du futsal français.

Issa, la D1 Futsal fait partie des quelques championnats qui peuvent continuer pendant le confinement. Quel est ton regard sur la situation ?

Même si j’ai conscience que c’est une chance de pouvoir jouer en ce moment, et qu’un long arrêt impliquerait un nouveau départ, cette saison a un goût amer depuis le début. C’est difficile de ne pas « ressentir » le public. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’on a le sentiment de jouer des matchs amicaux mais on joue des matchs officiels dans un contexte amical. Même en Régional 1 nous avions plus d’adrénaline. On ne doit pas oublier que le futsal c’est avant tout une discipline de spectacle. Le but est de donner du plaisir aux gens. Quand tu l’enlèves, qu’est ce qu’il te reste au final ? Toi, ton adversaire, un résultat sportif. Cela dénature un peu la discipline. Nous je sais que notre public est capable de nous apporter cette petite touche de folie, de nous pousser dans certains moments clés. Cela manque aujourd’hui.

« Financièrement c’est une claque »

Est-ce que la situation actuelle a un impact sportif, via la diminution du nombre d’entraînements possible par exemple ?

De base on n’a que trois créneaux d’1h30 disponibles, si je fais un 4ème entraînement dans la semaine, c’est plus de l’analyse. Donc cela ne change rien, on reste loin des équipes qui peuvent s’entraîner tous les jours, voir parfois plusieurs fois certaines journées. Sachant que nos joueurs, qui découvrent pour la plupart ce niveau, ont plus besoin d’apprendre que nos adversaires ça complique les choses. Donc depuis le début de la saison notre but est d’essayer de condenser le travail, de faire les choses les plus efficaces, quitte à mettre des choses de côté, comme le travail des coups de pieds arrêtés.

Les conséquences directes sont donc plus financières pour le moment ?

Financièrement c’est une claque. On attendait de monter en élite pour réussir à avoir un peu plus de rentrées d’argent grâce à notre image (vente de maillots, buvette qui fonctionnent davantage, visibilité pour les partenaires). Ce début de saison à huis-clos nous fait très mal financièrement.

« Il faut que je tende des mains »

Est-ce que les locations des gymnases où vous jouez en ce moment font un peu plus gonfler la note ?

Non cela ne nous coûte heureusement rien. J’en profite pour remercier très chaleureusement tous ceux qui nous tendent la main, notamment les clubs du FC Vaulx-En-Velin et du GOAL FC. Le futsal régional se montre très solidaire, ça fait chaud au cœur en cette période.
Pour le coup l’impact est là un peu plus sportif puisque on ne s’entraîne jamais où on joue, donc difficile d’avoir des automatismes

Le début de saison est difficile avec une dernière place et aucune victoire. Pour autant vous n’êtes pas largués et vous avez eu un calendrier difficile : il n’y a pas encore le « feu au lac », selon l’expression consacrée ?

C’est une entame de championnat compliquée. On affronte des équipes expérimentées en face qui savent très bien jouer sur nos faiblesses et cela fonctionne facilement pour eux. Notre identité est longue à appliquer au haut niveau. Il nous faut encore passer un cap à tous les niveaux : tactique, technique et même mental. J’ai parfois l’impression que l’on joue complexé, fermé. On a besoin de se décomplexer, de tenter. Mais, pour cela, il faut des points pour gagner en sérénité. Nos deux matchs nuls, lors de matchs que nous aurions dû gagner, nous ont fait du mal.

Je ne suis pas un magicien. Cela reste des hommes qui ont aussi besoin de se prendre en mains eux-mêmes. Je sais que c’est compliqué à gérer pour eux, de rester comme ça, sans victoire. Mais je sais aussi qu’ils essaient.

Donc non il n’y a pas de résignation. Il n’y en aura jamais. Je reste toujours optimiste, je sais que jusqu’au bout on ne lâchera pas. Là il nous faut un petit déclic. Je peux de mon côté tenter de changer des choses, en alléger certaines, faire des changements tactiques ou notre manière de jouer à certains moments des matchs. Peut être qu’aujourd’hui on n’a pas encore ce qu’il faut pour vouloir le jeu à tout prix, qu’on a besoin, sur certaines phases, d’être avant tout plus solide défensivement. Ce sont des pistes de réflexion. Cela peut aussi passer par des renforts, surtout que nous ne sommes pas épargnés par les blessures et les suspensions alors que notre groupe est déjà limité en quantité.

Non pas que je n’ai pas confiance en mes joueurs, bien au contraire. Mais je ne dois pas les laisser esseulés. Il faut que je tende des mains.