Karim Mokeddem (Lyon Duchère AS) : « On attend notre heure »
Le dimanche 6 mars, tous les regards seront tournés vers le Stade des Alpes pour ce que beaucoup considère comme la « finale » du groupe B de CFA entre le Grenoble Foot 38 et Lyon Duchère AS. Nous avons interrogé en cette fin de semaine l’entraîneur lyonnais Karim Mokeddem, serein à quelques jours du choc. Interview.
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Karim, comment préparez-vous le match à Grenoble avec ce week-end sans compétition ?
On s’est calé un petit match amical ce vendredi contre Saint-Priest pour pouvoir rester dans le rythme et faire une revue d’effectif. On s’est rendu compte lors de la première mi-temps face à Chasselay – nous n’avions pas joué depuis deux semaines – que nous manquions de rythme donc on a remédié à ce problème avant le match contre Grenoble. Sinon c’est une préparation normale. J’ai accordé un jour de repos supplémentaire lundi dernier.
L’équipe a eu pas mal de blessés lors de la première partie de saison, est-ce que ça va mieux de ce côté là ?
Pas vraiment, ça continue. Là j’ai Niang qui est d’ores et déjà forfait pour Grenoble. N’Daye, qui avait joué lors du match aller, sera lui suspendu. J’ai un groupe de 20-21 joueurs, ce qui n’est pas pléthorique donc ça peut poser des problèmes dès que les absences se cumulent. Mais je crois qu’à Grenoble le groupe est encore plus restreint.
Beaucoup voient le match de dimanche prochain comme une finale, partages-tu cet avis ?
C’est un tournant bien sûr, entre les deux premiers du classement. Beaucoup de monde attend ce match, la FFF sera présente pour le retransmettre en direct. Mais je trouve que c’est un peu tôt pour parler de finale. Il restera 11 matchs derrière, c’est énorme. Le calendrier sera compliqué derrière, pour nous comme pour eux. Donc je ne pense pas que tout se jouera dimanche.
Quel regard portes-tu sur le parcours de ton équipe jusque là ?
Difficile de ne pas être satisfait ! Pour faire simple, on a un parcours de champion. Le seul problème c’est que Grenoble a lui un parcours de Ligue des Champions (rires).
Est-ce qu’il y a un côté « usant » à faire votre parcours et à voir presque chaque semaine que le GF38 a également fait un bon résultat de son côté ?
Usant non parce qu’on savait dès le début de saison que Grenoble était une équipe de qualité. On a vu qu’ils étaient capable de gagner 1-0 ou d’aller chercher des nuls même en étant un petit peu bousculé. Deux-trois fois dans la saison ça ne passe pas, comme Yzeure la semaine dernière. Nous on essaye d’avancer de notre côté, match après match. Je ne suis pas focalisé sur Grenoble. Je ne regarde pas leur résultat dès la fin de notre match sifflée. J’attends de rentrer chez moi et là je regarde tous les résultats. On attend notre heure de notre côté. On aurait été encore mieux psychologiquement en battant Chasselay et en leur reprenant 2 points de plus mais comme je te le disais il reste beaucoup de matchs. Notre rencontre en retard contre Sochaux n’est pas gagnée d’avance, ils luttent pour leur maintien et d’expérience on sait que les matchs en retard sont compliqués à gérer. On aura d’autres matchs difficiles d’ici la fin du championnat, mais Grenoble aussi.
Tu parles de Chasselay, ce match te laisse des regrets ?
Vu la physionomie du match forcément. On manque un pénalty, on gère mal deux face à face en fin de match également. Il y avait la place pour ramener la victoire.
L’an passé vous luttiez pour votre maintien en poule Sud, penses-tu que cette poule Est est plus « facile » à disputer ou en tout cas présente un profil différent ?
Totalement ! C’est déjà très différent dans la gestion. L’an dernier dès les premières journées les équipes étaient dans le calcul ; « il nous faut 2 points là, 4 ici… ». Je vais te raconter une anecdote. On jouait Hyères le 3ème match, dès la première minute du match le ballon sort en touche et le capitaine adverse dit à l’arbitre que le ballon est trop loin, qu’il ne veut pas aller le chercher, tout ça pour gagner du temps. La première minute du 3ème match. A ce moment là je me suis dit que la saison allait être longue (rires).
En Est même Sarre-Union qui est dernier à un projet de jeu, ne balance pas, n’est pas dans le calcul. L’an passé à part Grenoble, Béziers et les centres de formation le reste ne cherchait pas spécialement à jouer au foot.
Je préfère de loin jouer en Est. C’est plus intéressant, on se prépare toute la semaine avec plus de plaisir parce qu’on sait que ça va jouer au football le week-end. On a toujours eu une équipe joueuse, c’est ce qui explique aussi nos meilleurs résultats puisqu’au final on a changé à peu près un quart de l’équipe avec 15 joueurs qui étaient déjà là pour 6 arrivées, ce qui est une bonne moyenne.
Pour en revenir au match de dimanche prochain Grenoble est invaincu au Stade des Alpes depuis plus de deux ans et a tout gagné à domicile cette saison. Est-ce que cela va influer sur la façon de jouer de ton équipe sur ce match ?
On sait qu’ils sont performants à domicile mais ce n’est pas le genre de chose que je regarde trop. Le foot n’est pas une science exacte donc on jouera sur nos qualités en essayant de proposer du bon football.
Le match aller (1-1) te laisse-t-il des regrets alors que vous aviez bousculé Grenoble pendant une heure ?
Des regrets oui parce qu’on a été à un moment plus proche du 2-0 que du 1-1 après globalement le nul est équitable parce qu’après leur égalisation on a été plus proche du 2-1 pour eux.
Ce côté « tueur » est peut être ce qui manque le plus à ton équipe cette année ?
Oui c’est un problème chronique, que ce soit contre Grenoble ou Chasselay ça nous coute sûrement le match. Même lors de notre victoire contre Moulins (2-1) on aurait dû en mettre un troisième et finalement on s’est fait peur en fin de match.
Parlons un peu de Lyon Duchère de manière plus globale, si l’équipe fanion brille cette saison, c’est aussi le cas de vos U19 en Gambardella…
Oui, ils ont sorti l’AS Saint-Etienne puis l’ETG, deux équipes U19 nationales et ils sont co-leaders en championnat Honneur. Là ils vont jouer l’Olympique Lyonnais. Ca sera plus compliqué puisque le match aura lieu à Balmont, sur herbe, où ne joue en général que l’équipe CFA, et pas sur synthétique comme les matchs précédents.
A côté de ça nos 17 ans tournent bien également. On a en revanche un petit creux chez les 15 ans. Notre réserve vise le maintien en DH et notre équipe 3 joue les premiers rôles dans son championnat et vise la remontée en PHR.
Le club est aussi très engagé dans les actions socio-éducatives…
Oui pour nous taquiner on nous dit parfois que le club est plus une ONG (rires). C’est vrai qu’on essaye de mettre en place de nombreuses actions, de l’accompagnement professionnel, des vacances, du culturel.
En tant qu’entraîneur de l’équipe 1 n’est-ce par un peu « frustrant » de ne pas voir les efforts se concentrer sur l’équipe fanion, comme à Grenoble par exemple ?
Non parce que déjà on le sait quand on vient à La Duchère. Et puis on a un président qui suit de très près de nos résultats et qui soutient fortement l’équipe fanion.
Quelle est l’ambition de l’équipe fanion à court ou moyen termes ?
Monter en National.
Le parcours de Marseille Consolat est inspirant ?
Oui Consolat c’est l’exemple, le club de quartier dans l’ombre de l’OM qui est monté en National et qui y joue même les premiers rôles cette saison.
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