La loi du milieu : analyse du match nul entre Grenoble et Sedan (1-1)

On peut être rassuré sur l’état d’esprit des joueurs grenoblois qui n’ont jamais lâché. En revanche, techniquement, les lacunes affichées sont plus inquiétantes.

On peut être rassuré sur l’état d’esprit des joueurs grenoblois qui n’ont jamais lâché. En revanche, techniquement, les lacunes affichées sont plus inquiétantes.

On a presque toujours la même sensation désagréable à l’issue des matchs du GF38 au Stade des Alpes. Celle de voir la lanterne rouge de Ligue 2 ne pas avoir finalement grand chose à envier à ses concurrents pourtant mieux placés. Pas que le jeu de l’équipe d’Yvon Pouliquen soit flamboyant. Loin de là. C’est plutôt la qualité de l’adversité qui laisse songeur. Tours ou encore Le Mans, pour ne citer que deux formations du haut de tableau, n’avaient ainsi pas impressionné. Malgré toutes les critiques justifiées qu’il peut subir, le GF38 a donc largement les moyens de se maintenir, uniquement sur la qualité intrinsèque de l’équipe. Faut-il ensuite montrer l’état d’esprit approprié et avoir un peu de réussite avec soi de temps en temps.

Ce constat fut valable face à Sedan. Les Ardennais, quatrièmes au classement, n’ont pas montré grand chose. Après 55 minutes de jeu, ils menaient pourtant 1-0 et sans deux parades décisives de Viviani (dont on ne dira jamais assez quelle bonne saison il réalise) en fin de rencontre, ils seraient repartis avec la victoire, frustrant encore un peu plus le public du Stade des Alpes.

D’un point de vue mental, les coéquipiers de Nicolas Dieuze ont répondu présent. Ce n’était pas forcément acquis compte tenu du contexte extra-sportif actuel. Comme à Clermont, ils sont parvenus à revenir au score – encore grâce à Mandrichi – enchaînant ainsi sur un troisième match sans défaite. C’est le gros point positif de la journée. Il ne doit en revanche pas masquer les (grosses) lacunes affichées.

Le niveau de jeu du GF38 a été symptomatique d’une équipe en proie au doute avec beaucoup de fébrilité dans les zones clés, aussi bien défensivement qu’offensivement.
L’arrière garde alpine qui a eu l’art de se mettre toute seule en danger avec une charnière en plus souvent laxiste sur le marquage. Le pressing sedanais a été plutôt bon, notamment dans les 20 premières minutes, mais pas au point de voir autant de relances manquées et de panique chez des joueurs (Marque, Mainfroi et à un degré moindre Mendy) censés être expérimentés. Offensivement, cette fébrilité s’est exprimée à travers la maladresse des attaquants isérois, incapables de cadrer une frappe pendant 1 heure malgré quelques situations favorables.

En difficulté derrière et devant, la solution est finalement arrivée du milieu (avec un nouveau très bon match de Dieuze, dans tous les secteurs de jeu). On sait Yvon Pouliquen fortement attaché à son 4-4-2 et à l’utilisation des ailes. Sans exagérer, on peut considérer que cette dernière a été quasiment nulle toute la rencontre. La première action notable du GF (centre côté droit de Mendes pour Dieuze) aurait pu laisser présager du contraire. Mais Cianci et Mendes ont été sevrés de ballons exploitables alors que le premier dédoublement d’un défenseur n’est intervenu qu’à la 23ème minute. Si l’on rajoute la qualité approximative des centres distillés par Mainfroi, cela fait beaucoup d’éléments négatifs. Incapables de se montrer dangereux sur les côtés, les Isérois ont alors abusé pendant 30 minutes de longs ballons distillés par la défense, le plus souvent improductif tant à cause de la qualité des ouvertures (Mendy, Marque) que du positionnement peut être un peu trop bas de la paire Mandrichi/Lasimant. C’est d’autant plus dommageable que les Grenoblois ont souvent fait l’effort d’apporter une grosse présence dans la surface adverse (3 voire 4 joueurs avec l’apport de Dieuze qui a évolué un cran plus haut que lors des rencontres précédentes) à chaque fois que les occasions se sont présentées.

Devant cette inefficacité, les joueurs ont changé de tactique. Élément clé de cette amélioration : Hugo Cianci. Est-ce par choix de l’entraîneur ou parce que le joueur voulait toucher un peu plus de ballons, toujours est-il que Cianci a joué beaucoup plus axialement, notamment au retour des vestiaires. Si cela a causé un imperceptible déséquilibre (Turan occupant très bien la totalité du couloir, ne s’en sortant en tout cas pas moins bien que Mainfroi/Namouchi), cela a surtout apporté la percussion qui faisait défaut jusqu’alors et une qualité technique qui a permis une nette amélioration des dernières passes (Johansen malgré encore trop de déchets). Les attaquants ont longtemps attendu avant de les mettre à profit mais c’est sur un jeu vertical que Mandrichi a égalisé. Le 4-4-2 a plus tendu vers un 4-3-3 bâtard répondant peut-être plus aux qualités des joueurs alignés. Peut-être de quoi faire réfléchir le coach alpin pour les prochaines échéances. En attendant de vrais joueurs de couloir (Ravet, Courtois ?, Matsui ?, des recrues ?) pour animer les ailes offensivement.

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Compte-rendu du match

Crédit photo : gf38.fr

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