Rocket man : analyse de la victoire du GF38 face à Nantes (2-0) (05/03/2011)

Le GF38 s’est relancé contre une très faible équipe de Nantes. Une prestation loin d’être parfaite qui aurait même pu connaître une conclusion moins joyeuse sans un Viviani très inspiré. La rencontre a également été illuminée par le doublé de Jonathan Tinhan.

Il va vite Tinhan. Très vite. A tel point que ses entraîneurs, lors de sa formation l’avaient exercé à réduire sa vélocité. D’une part pour que ses coéquipiers puissent suivre, d’autre part pour qu’il lui reste suffisamment de lucidité pour conclure ses actions. Entraînement payant. Son premier but face à Nantes, plein de sang froid après un sprint de 70 mètres, l’a démontré. Enfin pas sûr que Tixier et l’arrière-garde des Canaris se disent que le jeune attaquant alpin puisse aller encore plus vite…
Avant même le match, la décision avait été prise d’en faire une analyse chronologique en divisant la rencontre en plusieurs périodes. Pourquoi ? Parce qu’au delà des résultats finaux, le GF38 semblait avoir une gestion paradoxale de ses temps forts / temps faibles. Médiocres lors de la premier demi-heure face à Nîmes, les Grenoblois avaient ainsi pourtant ouvert le score dans la foulée avant de remporter le match ; la situation avait été l’inverse contre Istres : un 3-1 à la mi-temps n’aurait pas été usurpé mais Grenoble s’était au final incliné.
On peut tirer à peu près le même constat du match face à Nantes. La première période, un temps globalement fort mais peu riche en occasions, n’a pas été couronnée par un but. Ce dernier n’est intervenu que lorsque les Nantais ont commencé à dominer les débats. La dernière période fut plus un temps de gestion où les Grenoblois ont volontairement reculé mais où les visiteurs n’ont jamais été très inquiétants.

Période 1 (0′-30′) : Elle a duré une petite demi-heure. Mises à part 5 minutes difficiles (5′-10′, grosse occasion pour Djordjevic/Deblé), les coéquipiers d’Abardonado ont eu l’emprise sur le match. Plus positionnés en 4-2-3-1 (avec une ligne, de gauche à droite, Cianci – Matsui – Tinhan) qu’en 4-4-2, ils ont toutefois eu du mal à se montrer très dangereux. Peut-être à cause du froid ou du retard du coup d’envoi, il y a eu énormément de déchet technique des deux côtés. Le fameux « jeu à la nantaise » en a d’ailleurs pris un sérieux coup.
Les Grenoblois ont été efficaces en récupération mais globalement décevants dans leur utilisation du ballon. Il y a eu beaucoup de tentatives pour trouver Tinhan – qui a multiplié les appels – en jeu long mais la précision n’a pas toujours été au rendez-vous. Et si l’on excepte les coups de pieds arrêtés, les attaquants alpins n’ont presque jamais touché un ballon dans la surface adverse.

Période 2 (30′-55′) : Ce jeu direct du GF38 nécessitait peut-être tout simplement davantage d’espaces pour gagner en efficacité. Et il aura fallu attendre que les visiteurs s’enhardissent pour en tirer les bénéfices. Après la demi-heure de jeu, le match est déjà devenu beaucoup plus intense sur le plan de l’agressivité, avec des Canaris plus présents au milieu, pressant plus haut et cherchant à conserver le ballon. Pendant cette période, les occasions les plus franches ont été nantaises. Mais, par exemple à bout portant face à Djordjevic ou sur une frappe puissante de Deblé, Viviani a sauvé son équipe à plusieurs reprises. La défense alpine a montré les signes de fébrilité logiques d’une équipe qui doute : lacunes dans le marquage, relances dans les tribunes, côté droit souvent débordé… Les Canaris jouant plus haut et dominant, l’équipe de Pouliquen a pu évoluer en contre. Et à ce jeu là Jonathan Tinhan a des énormes qualités et les a fait valoir sur le premier but. La formation iséroise dispose d’ailleurs d’un gros potentiel de joueurs explosifs (Cianci, Turan…) qui devrait la rendre plus efficace quand elle est en position de « dominée ». Le coach alpin rappelle d’ailleurs régulièrement que son équipe perd rarement quand elle ouvre le score. En revanche, la réussite en déplacement est pour l’instant minime même si le GF38 marque souvent à l’extérieur.

Période 3 (56′-90′) : Une période en deux temps : une phase d’accélération du GF pendant une dizaine de minutes avec le second but de Tinhan ; une phase de gestion avec jeu en contre et grosse baisse de rythme. Viviani a eu moins de boulot, les Nantais ont été faibles et les Isérois ont plutôt bien géré leur avance. On peut noter le rôle de Mandrichi, excellent dans la conservation du ballon, qui a ainsi souvent permis à son équipe de monter d’un cran et qui a offert deux caviars à Tinhan (la complicité/complémentarité entre les deux est d’ailleurs porteuse d’espoir). Les remplaçants ont fait une bonne entrée avec notamment un Lasimant très intéressant, sur le même profil que Tinhan, qui ne ménage pas ses efforts défensifs et qui peut faire lui aussi valoir sa pointe de vitesse sur les contres.

Le GF38 a été gagnant sur toute la ligne puisque tous ses rivaux dans la course au maintien ont lâché des points. Il n’est plus qu’à 4 points du premier non relégable avant une série de matchs ultra décisifs face à des équipes de bas de tableau. Attention toutefois à l’euphorie. Malgré un niveau de jeu proche du néant, Nantes aurait pu revenir au score voir même marquer dès la 5ème minute sans Jody Viviani. Tinhan a également été en pleine réussite mais le constat est le même pour lui que pour Mendes (voire Ravet en son temps) : ce sont de jeunes joueurs de qualité, capables de flamber sur un match mais également de passer au travers sur le suivant, notamment du point de vue de l’efficacité. Grenoble s’est montré beaucoup trop irrégulier depuis le début du championnat pour que l’on puisse s’enflammer sur une victoire, aussi bonne fut elle pour le moral. Les 42 points semblent toujours inaccessibles, il faudra donc que la concurrence ne prenne pas trop de points. Au GF38 d’aller déjà en chercher lors des prochaines journées.

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Crédit photo : gf38.fr