[Série Haute-Savoie #4] Emmanuel Imorou (Thonon Evian GG) : « On est l’équipe à battre »

[Série Haute-Savoie #4] Emmanuel Imorou (Thonon Evian GG) : « On est l’équipe à battre »

On poursuit notre série sur le football haut-savoyard avec Emmanuel Imorou, qui a fait un choix de carrière audacieux. L’international béninois a mis le cap en R1 pour la saison 2019-2020. Le latéral, passé par Caen (L1) et Clermont (L2), a quitté le monde professionnel pour un retour au foot amateur en faisant confiance au projet de Thonon Evian Grand Genève qui souhaite rapidement gravir les échelons du football français. Entretien réalisé par notre journaliste Alexandre Muffon.

Quand on a connu la Ligue 1 et la Ligue 2, comment on se retrouve en Régional 1 ?

Je peux pas dire que je suis venu ici pour m’enrichir ou jouer dans un stade plein. Mais c’est le sérieux du projet qui m’a convaincu. Quand tu vois des hommes comme Olivier Chavanon (le directeur sportif de TEGG, ndlr) que j’ai connu à Clermont ou Patrick Trotignon (le président de TEGG, ndlr) qui m’a fait signer mon premier contrat pro à Châteauroux, ils ont une carrière de dirigeant qui parle pour eux. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose derrière tout ça. Je me suis aussi renseigné sur Ravy Truchot (le propriétaire du club, ndlr), c’est un mec qui pèse ! Je ne voulais pas arrêter le foot, ni partir à l’étranger dans un truc qui me plaisait pas. Finalement Thonon c’est un bon compromis même si ce n’est pas ce que je visais au départ. Ici il y a tout en termes d’infrastructures et de qualités de joueurs autour de moi.

Le club est installé au bord du lac Léman, le cadre de vie a joué ?

Ces derniers années j’ai beaucoup déménagé et l’école avait déjà commencé pour les enfants quand Thonon est venu me chercher. Quand j’ai visité j’ai été surpris. Je ne connaissais pas. J’ai vue sur le lac, la région est super belle, il y a de beaux coins, de chouettes balades. Je ne regrette pas ce choix pour ma vie familiale et pas non plus d’un point de vue sportif.

Tu t’entraînes au domaine de Blonay, l’ancien centre d’entraînement de l’ETG, des équipements inimaginables normalement en R1…

On a tendance à vendre du rêve pour qu’une personne signe, mais c’était conforme à ce que j’attendais. Honnêtement même des équipes de Ligue 2 n’ont pas ces équipements là. Ca a joué aussi dans mon choix de venir ici. Il y a même des choses que j’ai ici que je n’avais pas à Caen. Thonon essaie de s’approcher de la rigueur professionnelle, on s’entraîne tous les joueurs, on a quasiment que des joueurs sous contrat. Dans le vestiaire, on a un groupe qui est top tout simplement. De bons mecs, avec qui on rigole bien et on travaille bien. Ce sont des joueurs revanchards, impliqués dans le projet.

Difficile de retrouver ses marques au niveau amateur quand on est joueur pro ?

On est l’équipe à battre. Les joueurs en face sont au courant. Ils ont tendance à jouer regroupés derrière, à nous attendre. Les terrains sont pas forcément faciles, parfois des synthétiques, parfois c’est de la boue… Sans parler de l’arbitrage. Parfois on a eu des sentiments d’injustice. A domicile ça se passe hyper bien, c’est plus facile d’exprimer notre jeu sur un bon terrain. Si on marque vite, en général ça va. Si ce n’est pas le cas, ça devient vite des matches de coupe de France, c’est les matches que je détestais jouer à Caen ou Clermont. Je m’y suis fait mais c’est pas toujours évident.

Justement, quels sont les objectifs maintenant que vous montez en N3 ?

Le seul défaut c’est le niveau de compétition. Pour remédier à ça on voudrait monter tous les ans. Ca passe par le terrain qui a sa propre vérité. Il n’y a qu’une seule place pour monter, on va avoir de moins en moins le droit à l’erreur, il va falloir être exigeant et faire preuve de régularité. On va encore être très attendu la saison prochaine. On va nous rentrer dedans, il faut être prêt à ça.

Avec autant d’ambition, il y a forcément de la pression ?

On a tout à perdre. Avec notre carrière, notre passé, notre statut, on ne veut pas passer pour des guignols. Ca rend la chose pas évidente. Mais le projet du club est très concret, sérieux, cadré et structuré avec des dirigeants qui ont aussi un passé qui parle pour eux. Tout le monde est attentif à notre réussite, alors forcément c’est une petite source de pression. Mais de toute façon il en faut toujours un peu pour ce genre de projet.