Soundtrack to the Apocalypse : analyse de la saison du GF38 (partie 1)

Aussi sûrement que la musique de Slayer, le GF38 nous a inexorablement plongé dans un univers apocalyptique, teinté d’échecs et de désillusions. Analyse de la partition presque parfaite livrée par les footballeurs grenoblois cette saison.

Aussi sûrement que la musique de Slayer, le GF38 nous a inexorablement plongé dans un univers apocalyptique, teinté d’échecs et de désillusions. Analyse de la partition presque parfaite livrée par les footballeurs grenoblois cette saison.

Seasons In The Abyss :
La lente chute du GF38 n’en finit jamais. Après la catastrophique deuxième saison en Ligue 1, on pouvait espérer que les couleurs iséroises re-verdiraient un étage au-dessous. Loin s’en faut. Une élimination dès le premier tour de la Coupe de la Ligue face à un pensionnaire de National (Guingamp) et 4 défaites lors des 5 premières journées allaient donner le la d’un nouveau championnat calamiteux. La lumière ne sera pas venue d’Yvon Pouliquen malgré une victoire pour ses débuts en terres istréennes. Dès l’été, le GF38 était plongé dans les profondeurs abyssales du classement ; il y resterait malgré le passage des saisons.

Payback :
Trois saisons après avoir été éjecté sans ménagement du club alpin, Yvon Pouliquen remplaçait Mécha Bazdarevic après 5 journées de championnat. Revanchard, forcément. Auréolé d’une flatteuse réputation offensive et de dénicheurs de jeunes talents, également. Sept mois plus tard, l’équipe est reléguée en National et le spectacle proposé n’a été qu’un peu moins ennuyant que celui offert par son prédécesseur. On peut toujours trouver des circonstances atténuantes à l’entraîneur dauphinois. On ne le fera pas. Tant sur le plan des résultats sportifs (sans rentrer dans les données statistiques) que de la gestion « humaine » de son groupe, un mot qualifie son bilan : échec. La tendance actuelle est plutôt à ce qu’il reste sur le banc du GF38 si le club repart en National. Le passé très récent a montré qu’il fallait parfois savoir se séparer d’un entraîneur dont le message n’est pas passé. S’il bénéficie d’une seconde chance, le technicien breton doit par contre avoir toutes les cartes en main sur le plan sportif pour réussir dans son entreprise. A commencer par le recrutement qu’il souhaite (et qui ne consiste pas forcément en 3 attaquants brésiliens, 2 milieux uruguayens et un gardien yawalapiti).

God Send Death :

Le recrutement, justement. Même si certains ont joué de « malchance », cumulant les blessures, on ne peut tirer qu’un bilan très négatif du recrutement effectué par le GF38 cette saison. Petit tour rapide des recrues.
Jacques Abardonado : le moins décevant avec Mandrichi. Un état d’esprit irréprochable qu’il a en plus tenté de communiquer à plusieurs reprises à ses coéquipiers, sans réelle réussite. Une phrase d’un journaliste de la Voix du Nord lors du match face à Boulogne peut résumer ses performances : « il était déjà lent lorsqu’il jouait à Valenciennes… ». Sa bonne agressivité a parfois permis de compenser, mais pas toujours.
Aymen Belaïd : inutile compte tenu du nombre de joueurs pouvant évoluer à son poste d’arrière gauche. Il a de fait cumulé très peu de temps de jeu et n’a pas montré grand chose quand il en a eu l’occasion. Toujours de bonne humeur, c’est déjà ça de pris.
Jackson Mendy : a alterné le mauvais et le moyen +, sa fin de saison est bien meilleure malgré toujours un gros soucis de relance. Bon physique, bon jeu de tête. Plus à l’aise à gauche de la défense. Un joueur de deuxième partie de L2 ou de National qui peut sûrement encore beaucoup progresser techniquement. A ce prix là, on aurait pu garder N’Ganga.
Pascal Johansen : unique point positif évoqué par un supporter messin « chez nous, il tirait bien les pénaltys ». C’est con, à Grenoble il ne les a pas tirés. Il aurait pu être le dépositaire du jeu, il a montré sur de courtes séquences qu’il en était capable. Mais il a beaucoup trop souvent été blessé pour être d’une quelconque utilité sur la durée.
Hamed Namouchi : qui ?.
Yohann Lasimant : quelques bonnes rentrées, de la volonté et des qualités techniques et de vitesse qu’on a trop peu souvent pu apprécier. Pouvait-on réellement attendre plus d’un joueur qu’on a recruté alors qu’il n’était que remplaçant à Sedan ? Non.
Helton Dos Reis : une frappe canon lors de la première journée face au Havre (1-0) : la saison commençait fort pour Helton. Mais à part son nom (bien qu’il soit Cap verdien), il n’y pas grand chose chez lui qui évoque le joueur brésilien. A Saint-Étienne, Alain Perrin l’avait reconverti latéral. A Grenoble, il a retrouvé un poste d’attaquant… avec la réserve avec laquelle il a surtout évolué dans la seconde partie de saison.
Jean-Jacques Mandrichi : l’histoire retiendra sûrement ses deux pénaltys manqués en fin de saison, qui auraient pu permettre de croire encore un peu au maintien. Mais malgré ce double couac notable, il est à créditer d’une saison réussie avec sa dizaine de buts inscrits (malgré relativement peu de ballons exploitables) et un état d’esprit irréprochable. Pas pour rien qu’il est l’un des Grenoblois les plus prisés sur le marché des transferts.

Can’t Stand You :

On ne peut toutefois pas attendre que le jeu et l’âme d’une équipe reposent sur des recrues. Là sont supposés intervenir les cadres. Ils étaient quelques uns dans l’effectif isérois cette saison, peu ont accompli leur tâche. Derrière, Paillot, qu’on peut considérer comme un ancien, a été blessé les ¾ de la saison, Marque a fini par être mis à l’écart du groupe et Mainfroi a fini par se faire prendre sa place par un jeune de 19 ans n’étant même pas défenseur de formation (en plus d’être pris en grippe par le public). Au milieu, Courtois et Matsui ont été absents une grande partie de la saison et le Japonais n’a jamais semblé être très concerné par le sort du club. Juan et Dieuze se sont surtout distingués par le nombre de cartons qu’ils ont reçu. Ce dernier aurait pu, aurait dû être un leader sur et en dehors du terrain, un catalyseur de l’esprit de groupe. Il s’est contenté d’effectuer son travail sur le terrain (certaines fois plutôt bien). La perte du brassard, à l’arrivée de Pouliquen, est peut-être un facteur explicatif du recul qu’il a pris dans la vie du groupe.

Divine Intervention :
On aime bien Jody Viviani à Gre-Sports. Surtout Brice Tollemer d’ailleurs. Alors il a droit à son petit paragraphe personnel. C’est mérité, il a sorti une grosse saison, évitant le naufrage sur certains matchs. C’est une des rares satisfactions de l’équipe, même s’il n’est pas exempt de tous reproches (à un poste exigeant où la moindre petite erreur se paie cash). Si tout le monde avait joué au même niveau, Grenoble serait probablement toujours en Ligue 2, ce qui n’est pas non plus un incroyable exploit compte-tenu du très faible niveau du championnat.

New Faith :
Rayon petite satisfaction, les jeunes pousses du centre de formation qui ont commencé à pointer le bout de leur nez, souvent plus par nécessité que de par leurs qualités intrinsèques. A un poste où il y avait une légère concurrence, Atila Turan a su gagner ses galons de titulaire malgré un début de saison difficile ; probablement un futur très grand s’il poursuit sa progression, notamment sur le plan strictement défensif. Côté droit de la défense, Hamadi Ayari a su également se faire sa place au fil des matchs, à un poste qui n’est pourtant pas encore le sien. Lui aussi encore très perfectible mais pourrait être un titulaire crédible en National. Au milieu, Taïder manque encore de constance et Bourabia a été souvent blessé ; les deux ont toutefois montré de prometteuses qualités compte tenu de leur âge ; un niveau en-dessous, Perez a cumulé un peu de temps de jeu et s’est montré sérieux et appliqué à chacune de ses apparitions, dans une équipe « normale » on ne l’aurait toutefois pas encore vu apparaître en L2. Même constat pour Mendes (et à un degré moindre pour le très jeune Thauvin) devant qui a flambé sur quelques matchs mais qui n’a pas encore le niveau pour évoluer régulièrement en L2. Un peu moins jeune que tous ceux là, Tinhan a effectué quelques bons matchs en fin de saison. Sa vitesse est une arme redoutable, il lui faut désormais progresser dans la maîtrise technique et la finition. Si certains devraient logiquement quitter le navire vu leur potentiel (Turan, Taïder, peut-être Bourabia), les autres peuvent légitimement prétendre à du temps de jeu la saison prochaine si le GF repart en Nationale.

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