USBCO – GF38 : carnet de voyage

USBCO – GF38 : carnet de voyage

boulogne6C’est quand même paradoxal, parfois, le football. Vous formez un joueur, vous lui donnez les bases pour qu’il puisse viser le plus haut possible, et il vous élimine de la coupe de France. Il aura suffi de 3 minutes à Julien Bègue pour couper le souffle de son club formateur dans cette belle aventure. Violemment paradoxal. Le sport peut être ingrat parfois. Au delà de cette élimination frustrante en 16ème de finale, on retiendra bien d’autres choses. Les 27 buts inscrits par le GF38 dans cette compétition. Les qualifications dans la douleur face à des « plus petits » clubs. Et puis, surtout, forcément, l’exploit du 4 janvier. Le jour où Grenoble a éliminé le leader, à l’époque, de la Ligue 1. L’OM qui tombe au stade des Alpes face aux Isérois. La coupe de France c’est d’abord une aventure. Mais ce mercredi, c’était surtout un voyage. Un aller-retour rapide à travers les nuages pour aller voir la mer, Boulogne-sur-Mer, pour être plus précis. Une journée, un moment, une image d’un groupe, d’une famille. 

boulogne1L’aéroport est vide. Les joueurs arrivent en car. Il est 8h30 du matin. Après avoir enregistré les bagages, le petit groupe se dirige vers un avion spécialement affrété pour l’occasion. Tout le monde prend place, je me retrouve à côté d’Henrique, le Brésilien de Grenoble. Les têtes sont déjà plongées dans les journaux du jour. La presse locale parle du match, forcément. Pourtant il n’y a pas de pression. Les esprits sont déjà tournés vers le match de championnat de dimanche face à la réserve niçoise. Cette rencontre dans le Nord, aujourd’hui, ce n’est que du bonus, un souvenir de plus dans la vie d’un footballeur. Une fois dans les airs, certains s’endorment, rattrapant la courte nuit. Il y a mon voisin, qui bat des records sur son téléphone. Il y a aussi la paire de gants, Cattier-Maubleu, qui joue aux cartes, toujours sur téléphone. Et puis il y a le journaliste en herbe, les fameuses déclaration de différents joueurs, inventées par Christo’ (Christopher Joufreau), qui font rapidement sourire ses coéquipiers. C’est pas si loin, Boulogne. L’avion survole déjà la mer et se pose rapidement. Pas le temps de souffler, on rentre déjà dans le car qui va nous conduire à l’hôtel. Hamad’ (Hamadi Ayari) est pris à partie par les deux vétérans du groupe, Nassim (Akrour) et Fred (Thomas). Le jeune milieu en prend pour son grade, les deux « anciens » sont déchainés, les rires s’enchainent, les joueurs sont détendus.

boulogne0Une fois arrivés à l’hôtel, le staff et les joueurs sont attendus pour le repas. Le moment pour nous, journalistes et intendants, de partir à la conquête du centre-ville. C’est joli, Boulogne. Des rues qui montent, et qui montent encore. Des bâtiments à l’architecture remarquable, les murs d’une forteresse qui se dressent encore fièrement autour d’immeubles faits de pierres chaudes. Et puis les gens. Chaleureux, accueillants. C’est le Nord. L’un d’eux nous conseille un restaurent en particulier et prend même la peine de réserver pour nous. Quelques welsh et glaces plus tard, nous sommes de retour à l’hôtel. Alexis Sandre, du Dauphiné, s’attelle à son travail. Olivier Saragaglia donne du fil à retordre à Jérôme Dijon au baby-foot. Moi, je guète. Ce petit groupe, ces mouvements. La vie d’un club qui se reconstruit, avec des gens qui aiment vivre ensemble. Les joueurs sont dans leurs chambres, au calme. Après-midi de repos avant l’échéance du soir. 
Le stade n’est pas très loin. Le car doit se faufiler entre les remparts de cette ville qui monte et qui descend tout le temps. Il n’y a plus vraiment de bruit, la concentration a pris ses droits. Je me mets à l’arrière avec Mourad (Nasrallah), il a hâte de jouer. Le terrain lui manque déjà.
boulogne3Arrivée au stade. Les Grenoblois prennent place dans les vestiaires avant d’aller inspecter la pelouse, histoire de rentrer vraiment dans le match. Petite discussion entre le coach et Aziz Tafer, ce soir il est titulaire. Olivier rejoint ensuite Fred et Steven (Pinto-Borges) dans le rond centrale. Il sait que la bataille du milieu de terrain sera très importante. Tout le monde rentre aux vestiaires, il est temps pour nous de prendre place en tribune de presse, la caméra en place, et toujours un espoir dans la tête. 
On n’y arrive pas. Pas assez de mouvements, pas assez de bons choix dans les zones cruciales, pas assez d’impacts. Et puis il y a ce but qui nous coupe les jambes. Ça fait mal. On ne s’en relèvera pas.

Grenoble peut malgré tout sortir la tête haute de cette compétition. C’est un constat. Mais un constat qui ne réchauffe pas vraiment le coeur des joueurs. À la sortie des vestiaires, il y a beaucoup de frustration et de déception. Henrique est en colère, il n’aime pas perdre des matchs comme ça où il ne manque pourtant pas grand chose pour y arriver. Certains supporters de Boulogne sont restés à la sortie pour applaudir le car des Isérois qui s’en va. Décidément gentils ces gens du Nord. Retour à l’aéroport du Touquet. Je m’assoie tout seul cette fois, Henrique veut faire un jeu de cartes avec Brice, Paulo et le président César. L’avion décolle dans la nuit. La partie ira jusqu’à l’atterrissage, le reste du petit groupe à bord est plutôt calme. Christo a hâte d’être sur le sol ferme, la journée a été longue. L’oiseau de fer se pose alors dans la nuit grenobloise. Et puis voilà. Le GF38 est éliminé de la coupe de France. C’est ce que vont retenir les gens de cette journée. Moi, je vais retenir cette belle vie de groupe, cette complicité entre les joueurs, la gentillesse du staff. C’est avant tout une aventure humaine, pas juste une coupe.
C’était juste une journée dans le nord. C’est joli, Boulogne.
Crédits photo : Alexis Sandre
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