Vincent Campo (FCG) : « les séries sont faites pour s’arrêter »

Veille de match à Toulon, le talonneur grenoblois Vincent Campo aborde sereinement la première rencontre de l’année face au RCT. C’est une équipe du FCG décomplexée mais en quête d’une bonne performance et qui sait, d’un exploit, qui foulera demain la pelouse de Mayol.

Vincent, quel effet ça fait de battre le champion de France en titre ?

Ce genre de victoire, c’est toujours un bon moment. Ce sont des matchs particuliers, notamment au Stade des Alpes où on a déjà vécu des choses très fortes. Dimanche dernier face à Castres, on a réussi à faire un bon match. Tout n’était pas parfait, c’est sûr, mais l’important c’est d’avoir décroché cette victoire et les quatre points qui ont fait du bien.

Face au Stade Français puis au Castres olympique, le FCG a semblé en difficulté dans ses secteurs de prédilection, notamment en mêlée. Comment expliquer cela ?

La mêlée, c’est avant tout quelque chose de collectif. Et puis il faut aussi préciser que l’on est tombé sur des grosses mêlées en face : Paris puis Castres… Tous les week-ends c’est relevé, mais on travaille pour trouver des solutions aux problèmes que l’on rencontre. On est tombés sur des équipes qui nous ont contrariés, maintenant on a la chance de pouvoir se remettre en question toutes les semaines, heureusement, sinon on aurait très vite la tête dans le seau. Il faut savoir rebondir après des matchs comme ceux-là, même si encore une fois, tout n’est pas à jeter non plus, on est tombés sur les grosses mêlées du championnat. Notre but maintenant c’est de retrouver notre force sur ce secteur de jeu, on sait qu’on peut faire mal aux équipes adverses, à nous de nous remettre les idées en place pour y arriver. Il y a aussi un aspect mental, c’est évident, on doit retrouver la confiance, sans tout remettre en cause non plus.

Malgré les imperfections, ou les matchs un peu moins biens, cette saison le FCG arrive davantage à s’imposer sur le fil. C’est cela la marque d’un bon club de Top 14 ?

C’est peut-être un peu sévère pour nos adversaires, il ne faut pas minimiser les équipes que l’on rencontre dans le championnat. La semaine dernière le champion de France était venu avec toutes ses armes et c’était un match difficile. On l’a emporté de justesse, c’était peut-être le genre de rencontres que l’on perdait l’an dernier, oui. On a gagné en maturité, c’est notre deuxième saison dans ce championnat, on sait mieux gérer nos temps forts et nos temps faibles et ça se voit sur le résultat.

Le RCT est invaincu depuis un an à Mayol : demain c’est la grosse opération à faire ou au contraire vous préférez vous concentrer sur les prochains matchs à domicile ?

Non, on joue chaque match à fond ! On sait aussi qu’on a quinze jours de Challenge européen derrière, avec plus rien à jouer, on doit donc se concentrer sur le match de demain. On doit faire un résultat sérieux, même si on s’attend à un gros défi. Ils sont peut-être invaincus depuis un an, mais on ne se concentre pas là-dessus, les séries sont faites pour s’arrêter. On s’attend à une grosse confrontation et on s’est préparés en conséquence.

Qu’est ce qu’il se passe dans la tête d’un joueur du FCG la veille d’un match à Toulon contre le champion d’Europe ?

On ne dort pas, on ne peut plus rien manger, on a peur…(rires) Non ce n’est pas vrai! On se retrouve sereinement entre nous, en essayant de garder des images positives, et avant tout de bien profiter de cette ambiance. Ce sont des moments marquants dans une carrière. Comme le disait notre capitaine Fabien Gengenbacher, des matchs comme celui-là, il faut les savourer, ça n’arrive pas trente-six fois dans la carrière d’un joueur d’aller défier le champion d’Europe. Mais on ne se met pas plus la pression que ça, on va bien manger et bien se reposer pour être en forme demain… On ne fera pas de folies ce soir ! (rires)

Comment se passe l’alternance au poste de talonneur avec Hegarty et Bouchet ?

Ca se passe très bien. Il y a une bonne rotation qui s’effectue. Laurent (Bouchet) a été blessé pas mal de temps, il est en train de revenir, et Anthony (Hegarty), lui, souffre d’un KO, il est laissé au repos… Les saisons sont longues, on est trois et il y aura du temps de jeu pour tout le monde. Tant que l’équipe ne baisse pas en niveau de jeu, on est plus là pour l’équipe que pour avoir personnellement du temps de jeu.

Est-ce qu’il y a un élément (un match, un adversaire, une action) qui t’a particulièrement marqué en cette première moitié de saison ?

C’est une question piège ! J’ai déjà parfois du mal à me souvenir des actions après les matchs… Je dirais que ce qui me marque le plus à chaque fois, c’est la communion avec le public grenoblois, au Stade des Alpes ou à Lesdiguières. C’est tellement agréable de jouer avec les encouragements du public. C’est ce que je retiens plus qu’une action en particulier. Après, de par mon poste, ce serait plutôt des bonnes mêlées qui avancent, où on score derrière. Et tous les moments qui font qu’on passe du bon temps, et qu’on garde à cœur de jouer ensemble.

Après le FCG tu as d’autres projets ? Où te vois-tu dans quelques années ?

J’ai encore une année optionnelle dans mon contrat, mais rien n’a été décidé pour le moment. Malheureusement, dans le rugby on a plutôt une vision à court terme, j’ai du mal à me projeter plus loin, il y a les blessures et d’autres aspects qui rentrent en compte et qu’on ne peut pas prévoir. Cela dépend si on joue, si on ne joue pas, de la confiance des entraîneurs et de la vie de famille qui compte aussi beaucoup. Il y a trop de paramètres pour que je puisse me projeter, mais je me plais beaucoup à Grenoble. C’est ma troisième saison ici et j’ai vécu beaucoup de choses fortes avec l’équipe, comme la montée en Top 14. Je ne me pose pas plus de questions que cela, je pense juste à jouer et je me concentre déjà sur mon match de demain.

Vincent Campo :
Né le 20 mai 1985 à Auch.
1m81, 105 kg .
Poste : talonneur.
Parcours : FC Auch (2005-2011), FC Grenoble (2011-…).

Statistiques 2013/2014 :
– Top 14 : 12 apparitions (606′), 2 avertissements, 1 exclusion
– Challenge Européen : 3 apparitions (129′)

Statistiques 2012/2013 :
– Top 14 : 19 apparitions (776′)
– Challenge Européen : 4 apparitions (163′)

Crédits photo : Jacques Robert / fcgrugby.com