Athlétisme Pierre Arnaud : « Notre diversité est notre force »

Pierre Arnaud peut être un président heureux, son club, l’Entente Athlétique Grenoble, a encore vécu une année faste. Tour d’horizon complet, des résultats sportifs de l’EAG à ses perspectives d’avenir.

Pierre Arnaud peut être un président heureux, son club, l’Entente Athlétique Grenoble, a encore vécu une année faste. Tour d’horizon complet, des résultats sportifs de l’EAG à ses perspectives d’avenir.

Pierre, symboliquement, l’Entente Athlétique Grenoble est toujours en course pour obtenir le titre honorifique de premier club de France. Cela résume assez bien la bonne santé de l’EAG ?
« Ce n’est pas seulement symbolique ! Nous sommes le premier club au nombre de licenciés avec 1261 athlètes répartis sur les 9 sections. Quand on a fait l’Entente, en 2005, nous étions 1100 : on a donc gagné 150 licenciés. Toutes les autres expériences d’ « entente » en France ont montré que pas un seul n’avait réussi à développer son nombre de licenciés. 1 + 1 n’a jamais fait 2 dans ce genre de regroupement. Cela confirme notre volonté d’avoir des sections fortes. Ce qui nous intéresse depuis le début c’est de mailler le territoire, d’être partout présent. Notre diversité est notre force. Cela montre en tout cas que l’on va dans la bonne direction. »

Le classement prend-il seulement en compte le nombre de licenciés ?
« Non il y a plusieurs choses : la compétition, la découverte, la santé et l’encadrement. Sur ce dernier volet il est intéressant de voir que nous sommes premiers alors que nous avons toujours l’impression d’être en manque à ce niveau là. On s’aperçoit qu’avec notre centaine de bénévoles, on est finalement pas mal. Le classement général s’arrête le 31 décembre et je pense qu’au pire nous finirons deuxième. C’est un nouveau classement qui prend plus en compte la diversité que l’on représente alors qu’auparavant il se basait surtout sur la compétition. »

Pour revenir sur l’augmentation du nombre des licenciés que tu évoquais, toutes les sections de l’EAG bénéficient-elles de la même dynamique ?
« Nous avons surtout beaucoup développé l’éveil athlétique – les – de 10ans – et l’athlé santé – faire de la condition physique par l’athlétisme. Ce dernier volet concerne des gens qui n’arrivent pas à se motiver tout seul donc ils viennent là, où ils trouvent un cadre convivial. Il existe dans les sections d’Échirolles, du GUC et de l’ASPTT mais l’ambition est de le développer ce côté loisir dans les autres dans une volonté d’être au plus près des gens. Quelqu’un qui vit à Seyssins, par exemple, n’ira pas à l’Ile d’Amour. »

Sur le plan des résultats sportifs, que retiens-tu de l’année 2010 ?
« Nous avons eu des bons résultats par équipe avec un gros point d’orgue : le titre de champions de France Juniors/Espoirs garçons. C’est quelque chose qui arrive une fois tous les 15 ans. Et puis les filles ont elles fini 3èmes dans la même catégorie d’âge. Le petit plaisir en plus, c’est que les garçons l’emportent devant l’Aix-les-Bains de Christophe Lemaître !
Aux Interclubs Seniors malgré tous nos soucis, qui nous empêchent de participer à la finale Élite, on finit 10èmes, avec donc beaucoup de gens prévus à la base pour l’équipe 2. Vu notre densité, je pense qu’on est installé en élite pour longtemps. Je situe le club entre la 5ème et la 10ème place, finir dans les quatre premiers demanderait d’autres moyens. Nous sommes par ailleurs le seul club en France à avoir aligné trois équipes.
»

Des satisfactions sur le plan individuel ?
« Nous n’avons pas de très très haut niveau à part Nicolas Guigon et la fratrie Ost (Alice et Noël) qui était blessée cette saison. On a en revanche du haut niveau qui s’est bien débrouillé avec les Julien Masciotra, Laurent Gigante, Momo Mahnan qui a fait une belle perf’ sur 5000 aux championnats de France. Ensuite, on a une kyrielle de jeunes : Traoré en vitesse, Marachelli qui a passé 2m10 en hauteur… Il ne nous manque vraiment que le très haut niveau pour franchir un cap. »

Quel est ton sentiment sur l’expatriation de Nicolas Guigon et Alixe Guigon-Auvray qui s’entraînent désormais tous les deux à Clermont ?
« Nico était ici depuis 15ans, il avait besoin de changer d’air. La preuve qu’il est bien chez nous c’est qu’il reste licencié à l’EAG. Quant à Alixe, maintenant qu’ils sont mariés, il était logique qu’elle le suive. »

Cela ne pose-t-il pas quand même la question des conditions d’entraînement sur Grenoble ? Qu’en est-il de la construction d’une Halle dédiée à l’athlétisme qui est parfois évoquée ?
« Toujours pas ! C’est vraiment dommage, Grenoble mérite une Halle pour l’athlétisme bien sûr mais aussi pour plein d’autres choses. Elle pourrait se situer à Bachelard qui se doit d’être un lieu emblématique. Il est au carrefour de clubs (athlétisme, rugby), au carrefour d’un milieu scolaire, au milieu d’un quartier, Mistral, qui n’est quand même pas rien. Il faudrait faire un élément structurant, basé sur la mixité sociale sur le sud grenoblois.
Pour le moment on continue de s’entrainer par -15, d’autres conditions permettraient de passer un cap peut-être. Pour donner un exemple concret, l’Ile d’Amour appartient à l’Université qui a des difficultés financières, notamment par rapport à ses équipements. Donc, pour des raisons d’économie elle les ferme durant les vacances. Le gymnase de l’Ile d’Amour sera ainsi fermé du 17 décembre au 2 janvier. Pendant deux semaines, les athlètes ne pourront pas s’y entrainer.
Une Halle règlerait ce problème. On ne veut pas d’une Halle de prestige. Si on veut faire un championnat de France, d’Europe ou du Monde, on a le Palais des Sports qui est un très belle outil. Nous souhaitons une vraie Halle d’entrainement polyvalente et qui permette de faire des compétitions jusqu’à un niveau inter-régional.
»

Qu’est ce qui en empêche aujourd’hui la réalisation ?
« Cela fait plusieurs années que j’en parle avec la mairie. Notre première demande date de 1964 ! Et c’est vrai qu’on a l’impression de toujours passer après les autres. On s’épuise un peu. Après, je suis tout à fait conscient que les finances publiques ont autre chose à faire en ce moment. La voie du privée est à explorer mais il faut un projet « politique ». Le maire peut avoir cette capacité à mobiliser les acteurs, c’est surtout ce style d’implication que j’attends. Il faut arrêter d’aller voir la mairie en demandant toujours des sous. Je pense qu’elle doit, qu’elle peut avoir un rôle de catalyseur pour réunir les différents acteurs autour du projet. »

Tu penses qu’aujourd’hui l’athlétisme est un peu « oublié » par les pouvoirs publiques ?
« Oublié non. Au contraire, globalement on ne peut vraiment pas se plaindre et je pense qu’on est allé au bout de ce que peut donner la puissance publique. Le problème à mes yeux c’est qu’aujourd’hui on peut considérer qu’il y a trois pôles : le sport pro – qui s’apparente à un spectacle -, le sport pour tous et le sport de haut niveau. Ce dernier a du mal à être traité par la ville. Quelques clubs mériteraient d’être soutenus, d’être regroupés. Je pense à la natation, l’escrime, à l’aviron…Il faut cette lisibilité du sport de haut niveau à côté du sport pro et du sport pour tous. En plus nous sommes sur les même valeurs d’un sport de haut niveau issu de la formation, sans mercenaires. Ce sont des valeurs grenobloises. Cela permettrait peut être également de faciliter la recherche de partenaires, à plusieurs, on a plus de poids. C’est dur de trouver du privé, il faut un projet derrière, quelque chose qui fasse vibrer les gens. »

Pour en revenir au sportif, tu parlais de l’absence de mercenaires au sein de l’Entente, c’est un point qui te tient particulièrement à cœur…
« Si un jour le club décide d’opter pour le recrutement de mercenaires pour franchir un palier, pourquoi pas. Mais cela se fera effectivement sans moi. Viscéralement, je ne veux pas de mercenaires, de quelqu’un qui habiterait Lille et qui ne viendrait à Grenoble que pour les deux tours d’Interclubs sans connaître personne. Les athlètes qui viennent d’ailleurs et qui finissent chez nous sont généralement dans la région pour d’autres choses, leurs études notamment. Nous n’avons jamais eu la volonté d’aller piller les clubs des alentours. Si Alain Calandreau s’arrête par exemple, il n’y a plus d’athlétisme à Voiron, cela ne vaut pas 2-3 athlètes.
Pour nos sections, c’est un peu différent. S’il n’y avait pas eu l’Entente, Vizille n’existerait plus, Domène n’existerait plus et je ne suis pas loin de penser que l’ASPTT n’existerait plus. L’Entente a re-boosté tout ça et à l’ASPTT Céline Leplan a fait un travail exceptionnel en re-dynamisant une équipe autour d’elle qui fait que c’est reparti. D’une manière générale, il faut vraiment saluer le travail de tous les dirigeants.
»

Pour terminer, quels seront les gros objectifs cette saison et les athlètes à suivre ?
« Comme d’habitude pour les objectifs, cet hiver le cross puis ensuite les Interclubs. Notre équipe reste notre force. Pour les individualités, les mêmes qu’habituellement également. Pour te sortir un nom, je pense que Bastien Auzeil, même s’il va sûrement continuer la perche, a un gros avenir en décathlon et qu’il faudra le suivre attentivement cette saison. »

Leave a Comment