Gilles Moretton : « Rencontrer les clubs a été une richesse pour moi »

Le 20 janvier prochain, la toute nouvelle Ligue Auvergne Rhône-Alpes de Tennis élira son président. A l’entame de la dernière ligne droite, nous avons rencontré le candidat Gilles Moretton qui nous a parlé de son année à écumer le territoire à la rencontre des acteurs locaux, de sa vision d’avenir pour la Ligue et de son amour pour ce sport qu’il lui a tant apporté.

Gilles, dans quel état d’esprit êtes vous à deux semaines du jour J (interview réalisée le 4 janvier) ?

Je suis content d’arriver au bout. Ca fait un an consacré pas à 100% mais presque à cette élection. C’est beaucoup de temps, d’énergie. J’ai annoncé ma candidature le 20 janvier 2017 officiellement mais c’est le 27 décembre 2016 que j’ai dit à ma petite équipe « ok je me lance. »

Quel premier bilan, quelles premières images, vous reviennent en tête de cette année ?

J’avais envie de proximité, d’échanges. Donc je suis rapidement parti sur la route. J’ai fait 70 réunions avec en moyenne une dizaine de personnes à chaque fois, parcouru près de 60 000 kms. Il y a eu des réunions où on était deux. Mais j’ai toujours eu cette volonté d’être sur le terrain, d’aller de partout.
Maintenant je sais que je peux parler de ma Ligue en toute connaissance de cause. Je sais que la problématique de l’Allier n’est pas celle du Cantal, qui n’est pas celle de la Savoie etc. C’est ce qui me satisfait avant tout quand je jette un regard sur ces derniers mois. Je suis content de ça car j’y suis allé pour apprendre et j’ai appris beaucoup. Rencontrer les clubs a été une richesse pour moi.

Avez-vous ressenti ou ressentez-vous une usure, physique ou mentale, après ces mois de campagne ?

L’usure a été surtout mentale car j’ai découvert un système très fermé, avec des gens à sa tête peu désireux de s’ouvrir. Au lieu de m’accueillir – je ne dis pas de m’élire – on a cherché à me dézinguer. Je suis blindé mais je ne pensais pas retrouver cette atmosphère là, dans un univers que j’imaginais plus paisible. Je suis vraiment content d’arriver au 20 janvier, content de jouer le match.

Il y a un an vous nous disiez souhaiter incarner un élan nouveau, dans une Ligue qui serait elle aussi « nouvelle », avez-vous retrouvez cette attente, cette envie de nouveauté auprès des clubs que vous avez visités ?

Oui, il y a une attente d’idées, de proximité, de projets, de nouveauté, de nouvelles façons de fonctionner. J’ai ressenti ça auprès des clubs. Certains sont même désabusés du système car ils n’attendent plus rien. Ils se disent « on n’a plus besoin de vous », ils ne ressentent pas le besoin d’un Comité, pas le besoin d’un Ligue. Je peux les comprendre car les propositions et les démarches qui sont faites sont parfois insuffisantes.

Votre candidature a-t-elle justement suscité de la curiosité auprès du public ?

Cela a certainement interpellé. Certains présidents pouvaient m’avoir connu. Globalement la grande majorité se sont montrés satisfaits de voir quelqu’un de légitime – je pense qu’on ne peut pas m’enlever cette légitimé à faire partie de la grande famille du tennis. Les gens qui m’ont eu en face d’eux ont été contents d’avoir quelqu’un qui a su répondre à leurs questions.

« Le talent de demain peut naître n’importe où »

Et de votre côté, qu’avez-vous retenu de toutes ces rencontres ?

J’ai bâti mon programme avec ce que j’ai retenu des clubs. Si j’ai mis en place le remboursement de 20% du prix de la licence, ce n’est pas par démagogie. C’est que certains petits clubs vont boucler à 300€ près. Pour un petit club c’est important. Si ces quelques centaines d’euros supplémentaires peuvent être réinvestis dans un gamin qui pourra par exemple bénéficier de davantage d’heures de tennis, c’est beaucoup. La différence se fait au début. Le talent de demain peut naitre n’importe où. Je ne vais surtout pas lâcher les petits clubs au profit des grands. Les grands clubs ont un rôle à jouer, on doit s’appuyer sur eux. Quand je vois les présidents des grands clubs ils savent tout : rapporter de l’argent, gérer un budget, gérer le haut niveau. La Ligue doit faire un bloc avec ces clubs là mais sans oublier les petits. Je pense qu’on doit mutualiser. Un grand club doit être un peu le grand frère qui accompagne les plus petits. Il faut vraiment qu’on travaille ensemble. Je serai un rassembleur et un fédérateur, dans l’intérêt du tennis. Il n’y aura pas de clientélisme. Le seul intérêt pour moi c’est le tennis. J’espère faire avancer les choses, je suis là pour ça.

Si vos rencontres avec les clubs ont semblé positives, cette campagne a en revanche été plus « compliqué » avec vos adversaires…

Je ne suis pas celui qui a franchi la ligne jaune pendant la campagne mais je me suis toujours défendu. Le premier soucis pour moi c’est qu’aujourd’hui on est dans un système où certains sont à la fois joueur et arbitre. J’ai toujours été habitué à faire de la compétition et en tennis il y a des règles.
C’est vraiment ma grande déception. J’étais venu avec l’espoir de lancer un débat d’idées sur le tennis. Je ne m’attendais pas du tout à ce type de campagne. Je souhaitais uniquement mettre mes compétences au service du tennis. Au niveau des instances, personne ne m’a tendu la main, au contraire même.
Je n’ai pas peur de ne pas être élu, ce qui m’importe c’est que l’on débatte sur les idées. Si je ne dois pas être élu, je veux que ce soit un choix du peuple, qu’un maximum de gens puissent voter le 20 janvier. C’est pour ça que je souhaitais un vote électronique et qu’on mette en place plusieurs bureaux de vote (le vote ne pourra se faire qu’à Seyssins, soit à une distance de près de 900 km pour certains clubs, ndlr).

Quel sera votre programme d’ici là ?

Ce soir (jeudi) je serai dans l’Isère, demain dans la Loire, après-demain dans le Cantal etc. et puis je continuerai d’enchainer. Je suis sur le terrain, en relation avec les clubs.

Un mot de la fin ?

Cette nouvelle Ligue ne va pas pouvoir fonctionner comme elle fonctionnait jusqu’à maintenant. On va devoir être dans la création, dans la nouveauté. C’est un virage important et j’estime vraiment que le plus important sera de fédérer tout le monde autour d’un projet qui recentrerait le tennis au cœur des débats.