Grenoble, champion de foot des écoles de journalisme

Grenoble, champion de foot des écoles de journalisme

Le TFIEJ (tournoi de football inter-écoles de journalisme) est l’un des temps forts de l’année pour les étudiants en journalisme de toute la France. Les 14 formations reconnues se retrouvent chez le vainqueur de la précédente édition pour tenter de remporter un tournoi de foot à onze et, le week-end dernier, les Grenoblois ont ramené le premier trophée de leur histoire. Résumé tout en subjectivité.

Note de l’auteur : Toute objectivité sera clairement absente dans cet article, l’auteur étant un ancien étudiant de l’école de journalisme de Grenoble et présent cette année au bord des terrains strasbourgeois en qualité de supporter. 

S’ils sont détenteurs depuis deux éditions du trophée de l’ambiance, qui, comme son nom l’indique, récompense les étudiants qui auront le plus crié, chanté, perdu leur voix/dignité au cours de la journée, les Grenoblois n’ont jamais remporté le prix sportif et ne se sont hissés qu’à une seule reprise en finale : en 2011 – même si les registres ne l’indiquent pas. Quart de finaliste en 2016 – et éliminée par Lannion, ça a son importance – l’École de journalisme de Grenoble (EJDG) n’avait pas passé les poules l’année dernière malgré quatre points en trois matchs.

Vainqueur en 2017 donc, le CUEJ de Strasbourg avait la lourde tâche d’organiser cette année la 11e édition de « l’ère moderne » du TFIEJ. En février. Pluie, vent, neige et ce toute la journée. Le décor est planté. Dans une poule relevée avec l’ESJ (Lille), l’EJCAM (Marseille) et l’IPJ (Paris) – qui avait battu Grenoble en 2017 – l’EJDG ne veut pas connaître un scénario similaire à celui de l’année dernière. Après avoir perdu leur première rencontre, les Jaune et Bleu n’avaient pas réussi à retourner la situation malgré une victoire et un nul.

Face aux Lillois, et leur nombreux supporters, Grenoble ouvre le score et inscrit par la même occasion le tout premier but du tournoi, l’oeuvre de Jérémy Heintzmann. Après deux tournois infructueux, l’attaquant isérois trompe le portier lillois pour sa première réalisation dans la compétition. Si les matchs, raccourcis en raison des conditions météos et du timing restreint, ne durent que quinze minutes, cela n’empêche pourtant pas l’EJDG de voir leurs adversaires revenir au score sur un coup-franc. Au deuxième poteau un joueur lillois peut reprendre le ballon et arracher le nul. 1 – 1 score final. Dans l’autre rencontre de la poule, Marseille et Paris terminent eux aussi dos à dos (0 – 0) ce qui laisse la poule très ouverte pour la suite de la journée.

Opposés à l’EJCAM pour le deuxième match, les Grenoblois entament une nouvelle fois parfaitement la rencontre. Sur un service de… Jérémy Heintzmann, c’est Simon de Faucompret, avant-centre de l’école, qui va inscrire le premier but isérois. Pourtant, sur un nouveau coup de pied arrêté, les Jaune et Bleu vont se faire surprendre une nouvelle fois. Heureusement, bien aidés par un portier phocéen déjà peu à son avantage sur le premier but, Grenoble va doubler la marque par son inévitable ailier, déjà passeur. Le match se tend alors quelque peu et après une première expulsion d’un marseillais, Pierre Mouny va voir l’arbitre sortir un deuxième rouge après un tacle un peu limite. Grenoble remporte toutefois sa première victoire du tournoi.

Envahissement de terrain par les supporters grenoblois après chacun des buts de leur équipe © Chloé Laydevant
Envahissement de terrain par les supporters grenoblois après chacun des buts de leur équipe © Chloé Laydevant

 

Quatre points en deux matchs et une élimination encore possible lors du troisième match. À cause du nouveau nul entre l’IPJ et Lille qui permet aux deux équipes de compter deux points, Grenoble ne doit absolument pas perdre sa dernière rencontre des poules sous peine de se faire sortir de la compétition dès le matin. Contre des parisiens dos au mur et obligés de l’emporter pour se hisser en quart de finale, Grenoble fait le dos rond. Et subit. En difficulté, les Isérois passent même à deux doigts du désastre sur une action invraisemblable dans la surface et sont sauvés par leur poteau. Les Parisiens auraient même pu bénéficier d’un pénalty sur une main involontaire et pourtant c’est bien l’EJDG qui termine la phase de poule invaincue et en première place. Le début de l’épopée.

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La très longue pause de midi qui voit se dérouler le tournoi féminin – alors que le tournoi est mixte : en témoigne la présence de l’excellente Juliette Hay dans l’équipe grenobloise – permet aux organismes isérois de se réchauffer. Ou pas d’ailleurs puisque l’ambiance, d’abord assurée dans le club house, se prolonge sous la pluie et le froid strasbourgeois dehors pendant de longues heures. Fidèles à leur réputation d’ambianceurs, les Isérois mettent d’ailleurs le feu tant à l’intérieur qu’à l’extérieur à coups de chants et de Chalala (marque déposée par l’EJDG depuis 2017 mais qui a inspiré de nombreuses écoles cette année).

Côté sportif, le quart de finale opposera Grenoble à l’école publique de journalisme de Tours, fossoyeuse des espoirs grenoblois un an auparavant en égalisant lors de la dernière rencontre de poules. Avec un petit air de revanche, la rencontre va être littéralement à sens unique. Multipliant les corners, l’EJDG va ouvrir la marque sur l’un d’entre eux : à la botte, Jérémy Heintzmann… à la finition Simon de Faucompret. Résultat : ballon au fond des filets tourangeaux et 1 – 0. Un score qui aurait pu être bien plus lourd avec notamment une énorme occasion en toute fin de match arrêtée par le portier de l’EPJT, mais l’important n’est pas là : Grenoble est en demi-finale et réalise déjà sa plus belle performance depuis 2011.

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En 2011, la finale avait opposé l’Institut de journalisme de Bordeaux Aquitaine à Grenoble. 7 ans après, c’est en demi, stade qu’elles n’ont plus atteint depuis, que les deux équipes se retrouvent. Bordeaux, vainqueur de l’organisateur du tournoi en quart de finale, va dominer la rencontre. Et se casser les dents sur le portier grenoblois, Alexandre Muffon. Déterminant dans ses sorties, le gardien isérois va permettre à l’EJDG de rester dans son match. Après 15 minutes sans but, direction les pénaltys pour une séance angoissante. Pour enchaîner rapidement, la série est prévue sur trois tirs au but seulement avant la mort subite. Grenoble n’aura pas besoin d’en arriver jusque là ! Jérémy Heintzmann inscrit le premier et, dans la foulée,  Alexandre Muffon arrête le premier tir bordelais. Derrière, Pierre Mouny réussit son pénalty et Simon de Faucompret conclut parfaitement. Grenoble atteint pour la deuxième fois seulement de son histoire la finale du TFIEJ. Une première depuis 2011.

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Suivi à distance par ses enseignants et ses anciens via les réseaux sociaux, l’effervescence monte crescendo autour de l’EJDG qui va retrouver sur sa route une vieille connaissance : l’IUT de Lannion. Les Bretons avaient éliminé Grenoble en 2016 en quart de finale sans contestation possible (3 – 0). Seulement, depuis sa victoire en 2014, Lannion a souvent chuté dans le dernier carré. Les jeunes – parce qu’eux n’ont pas de master – adversaires des grenoblois restent pourtant sur un parcours sans faute : deux victoires en deux matchs dans leur poule de 3, puis l’élimination de Lille (que Grenoble avait rencontré plus tôt dans la journée) aux tirs au but et Sciences Po en 1/2. Avec les victoires deux années consécutives de Grenoble pour les prix de l’ambiance et l’élimination il y a deux ans, la rivalité entre l’EJDG et les mineurs étudiants de Lannion est donc réelle.

À quelques minutes de la finale entre l'EJDG et Lannion... © David Unal
À quelques minutes de la finale entre l’EJDG et Lannion… © David Unal

C’est après 19h qu’est enfin donné le coup d’envoi de la finale entre Grenoble et Lannion. Près de 11h après le premier match de la journée pour l’EJDG. Quatre buts marqués, seulement deux encaissés sur coup de pied arrêté, une invincibilité préservée, de la réussite et une qualification après une séance de pénaltys. Mais de leur côté, les Lannionnais, bien décidés à ne pas rentrer en Bretagne les mains vides cette année, donnent aussi de la voix. Après de longues minutes d’attente, le coup de sifflet est donné pour une finale de vingt minutes.

Comme contre Bordeaux, Grenoble va rapidement se retrouver acculé dans son camp face à des adversaires plus frais, ayant disputé un match de moins dans la journée, mais aussi meilleurs techniquement. Sur une occasion, Alexandre Muffon intervient une première fois d’une claquette pour repousser le ballon en corner. Les coups de pied arrêtés se multiplient et Lannion finit inévitablement par forcer la décision. Sur un coup-franc lointain, le ballon revient dans les pieds d’un attaquant qui arme une demi-volée imparable. 1 – 0.

Mais Grenoble ne va pas plier. Si les Isérois peinent à se créer des occasions et procède par longs ballons sur ses ailiers, ils ne craquent pas malgré la pression adverse. Sur un premier face à face, le gardien va même sauver la maison grenobloise d’un arrêt du pied qui aurait pu tuer la rencontre. Quelques minutes plus tard, il sort une nouvelle parade réflexe incroyable même si l’avant-centre lannionnais est signalé en position de hors-jeu. Grenoble est à bout, mais Grenoble est vivant, même si les minutes s’égrennent. Et pourtant… Sur un long coup-franc, le ballon va revenir dans la surface bretonne, un centre au 2e poteau lobe le gardien mais l’attaquant grenoblois ne peut reprendre, trop court… c’est le co-capitaine Louis Tellier qui va finalement récupérer la balle, dribbler un défenseur lannionnais… et se faire stopper irrégulièrement. À la 20e minute de jeu, la dernière du tournoi, l’EJDG obtient un pénalty. Si Louis Tellier et Pierre Mouny songent à le tirer, les deux grenoblois abandonnent rapidement l’idée quand Jérémy Heintzmann se précipite vers le ballon pour les faire changer d’avis. Un nouveau cas Cavani – Neymar ? Pas à Grenoble.

Après deux tournois sans marquer de but, l’homme du jour ne va pas craquer sous la pression. Deux passes décisives, un pénalty transformé en demi-finale, deux buts marqués, dont le premier du tournoi… et un troisième. Le dernier de la journée. Le numéro 11 égalise sans sourciller et pousse Lannion à une séance de pénaltys. Au mental. Et au plus grand dam des supporters cardiaques d’Isère et des Côtes d’Armor. Si les tirs au but s’étaient joués en trois gagnant lors de la demi-finale, cette fois, ce sera cinq. Histoire de rajouter au suspense.

Et comme souvent dans ces cas-là, c’est dans la tête que ça se passe. Lannion commence. Et Lannion marque… Puis Grenoble égalise par Jérémy Heintzmann (ouais, 3 buts, 2 passes dé’, 2 pénaltys réussis lors des tirs au but, facile). 1 – 1. Lannion remarque. Et Thomas Coignac, capitaine l’an passé et défenseur central égalise. 2 – 2. Sur le troisième pénalty, Muffon part du bon côté mais la frappe est trop puissante. Pas de problème pour Simon de Faucompret qui remet les pendules à l’heure. 3 – 3. Un quatrième pour Lannion… Un quatrième pour Grenoble : Pierre Mouny ne tremble pas non plus et, après celui contre Bordeaux, récidive en finale. 4 – 4… Jusqu’au dernier tireur breton dont la frappe n’est pas cadrée.

Alexandre, Pierre, Thomas, Jérémy et Simon attendent le dernier tir au but de Louis qui peut offrir à l'EJDG sa première victoire au TFIEJ © Chloé Laydevant
Alexandre, Pierre, Thomas, Jérémy et Simon attendent le dernier tir au but de Louis qui peut offrir à l’EJDG sa première victoire au TFIEJ © Chloé Laydevant

Cinquième et dernier tireur pour l’EJDG, Louis Tellier prend ses responsabilités en s’avançant pour offrir à Grenoble sa toute première victoire dans le TFIEJ en onze éditions.

Après le Portugal à l’Euro 2016, l’Inter en 2010 ou Chelsea en 2012 en Ligue des Champions, Grenoble est sacré champion à Strasbourg au terme d’un parcours complètement fou et qui aurait même pu s’arrêter dès les phases de poule. Mais grâce à un collectif incroyable, une confiance absolue dans leur groupe, les Isérois se sont surpassés au terme d’une journée forte en émotions pour remporter le trophée de champions. Rendez-vous est pris en 2019, à Grenoble donc, pour l’organisation du prochain TFIEJ et tenter l’impossible : garder ce trophée ô combien mérité.

Un grand bravo à toute l’équipe de l’EJDG (tellement d’amour sur vous tous) qui a rendu ce parcours possible et fait vibrer toute la journée la cinquantaine de supporters grenoblois qui a fait le déplacement. Mention spéciale à ces derniers qui ont ambiancé Strasbourg comme jamais : au fond, on sait très bien que le prix de l’ambiance ne vous est pas revenu juste pour ne pas faire rager davantage les Lannionnais. Mercis tous particuliers aux photographes/vidéastes/preneurs de sons/permetteurs de (re)vivre par procuration ou dans le futur ce tournoi. La bise aux Bordelais, Tourangeaux, Parisiens de l’IPJ, Marseillais (« Marseille – Grenoble, c’est l’ambiance » même si le tournoi sera à Grenoble) et Lillois pour leur fair-play et leur soutien tout au long de la journée. Félicitations quand même aux Lannionnais qui ont encore la défaite en travers de la gorge mais qui auront fait de superbes et valeureux adversaires tant sur le terrain qu’en tribunes. Rendez-vous dans un an pour la revanche, on vous aime aussi, quoi que vous puissiez en penser.

En exclu, les deux co-capitaines, sobres, avec le trophée Typhus du tournoi, à leur retour à Grenoble © Chloé Laydevant
En exclu, les deux co-capitaines, sobres, avec le trophée Typhus du tournoi, à leur retour à Grenoble © Chloé Laydevant