Ain’t no grave : analyse du match nul entre Grenoble et Châteauroux

Fantomatiques pendant près d’une heure, les footballeurs grenoblois se sont accordés un nouveau délais en arrachant le nul grâce à Jean-Jacques Mandrichi. « Aucune tombe ne peut retenir leur corps ». Jusqu’à quand ?

Fantomatiques pendant près d’une heure, les footballeurs grenoblois se sont accordés un nouveau délais en arrachant le nul grâce à Jean-Jacques Mandrichi. « Aucune tombe ne peut retenir leur corps ». Jusqu’à quand ?

Le GF38, c’est Johnny Cash. Sans le talent. Un Cash au seuil de la mort. Celui des derniers American Recordings, conscient que sa fin approche. Une fin obsessionnelle. Lente mais inéluctable.
Comme celle de l’équipe d’Yvon Pouliquen. La formation que l’on a pu voir évoluer pendant une heure ce vendredi au Stade des Alpes ne se maintiendra pas. Elle ne le mérite de toute façon pas. Pas d’agressivité, une médiocrité technique indigne de joueurs professionnels, pas une seule occasion à se mettre sous la dent (si ce n’est une tête de Lasimant suite à une corner en toute fin de première période)…
Et puis il y a l’équipe de la dernière demi-heure qui, dans un sursaut d’orgueil, a voulu faire un pied de nez à son destin apocalyptique. Ce n’était pas flamboyant. Sans un grand Viviani cela aurait même pu se transformer en déroute. Mais, au moins, les Grenoblois ont montré qu’ils pouvaient avoir une âme. Ça ne sera sans doute pas suffisant pour éviter la descente sportive en National mais on préfère voir un GF38 qui lutte jusqu’à son ultime souffle de vie.
Il aura dû une nouvelle fois passer par mille tourments pour y parvenir. Un but contre son camp de Mainfroi, la blessure de Johansen après à peine quelques minutes, un pugilat entre coéquipiers à la mi-temps… Sur chacun de ces points, il est difficile de nier la part de responsabilité de Pouliquen. Jimmy Mainfroi est un brave gars mais pas spécialement en confiance ces derniers mois et le faire jouer à un poste qui n’est pas le sien (arrière gauche) n’a pas contribué à améliorer sa fébrilité. Les solutions de rechange existaient avec la possible titularisation de Paillot et le glissage côté gauche de Mendy. Ce dernier a d’ailleurs fait une bonne dernière demi-heure à ce poste là.
De même, il était très risqué d’aligner un Johansen diminué, tout juste de retour de blessure. Pourquoi ne pas mettre directement un Juan ou un Cianci en position plus axiale ?
Concernant le cas de ce dernier, la gestion du coach alpin interpelle. Le problème s’est réglé (définitivement?) virilement « dans le secret des vestiaires », entre joueurs. Sans forcément non plus légitimer le côté petit coq, c’est plutôt sain et dans le cadre de la vie d’un groupe ce n’est pas non plus une situation exceptionnelle. Reste que Pouliquen semble parfois dépassé et usé et ce n’est pas forcément la meilleure image à renvoyer à son groupe pour en tirer le maximum.

Tactiquement, l’équipe a évolué en 4141 avant de rapidement basculer en 442 avec la rentrée de Lasimant en lieu et place de Johansen. Comme on l’évoquait plus haut, elle a complètement manqué d’agressivité dans un premier temps. Châteauroux a pu ressortir le cuir sans s’affoler et s’imposer dans la plupart des duels. Le tout sans montrer une énorme envie et un niveau de jeu exceptionnel. Grenoble n’a quasiment jamais pu récupérer le ballon haut. Le bloc était ainsi positionné relativement bas sur les lancements de phases offensives et Mandrichi n’a pas touché un seul ballon dans la surface en première période, problème récurrent depuis plusieurs matchs. Mais le Corse n’est pas du genre à lâcher et son but fut une juste récompense de tous les efforts qu’il peut produire et qui ne sont pas toujours salués. Il a également manqué un pénalty qui aurait pu offrir deux points de plus au GF mais encore fallait il le tenter pour le rater et rien ne dit que les Isérois auraient su conserver leur avantage.
Les joueurs de Pouliquen n’ont réussi à se montrer dangereux qu’en récupérant les ballons beaucoup plus haut, leur bloc pouvant monter d’un cran. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’aucun joueur ne peut prendre aujourd’hui les commandes techniques du match dans un système jeu posé et attaques placées. Il n’y a pas de « dépositaire » de jeu, selon le terme consacré. Taïder est beaucoup trop tendre et a été transparent une grande partie du match, Johansen tout le temps blessé et ce n’est pas la qualité première d’un joueur comme Dieuze. Ce qu’il manque à Grenoble pour « construire », c’est finalement un Haddad. Le Castelroussin a touché un nombre considérable de ballons et en a fait une excellente utilisation, sachant changer de rythme quand il le fallait, se montrant aussi utile dans la conservation que sur jeu rapide. Ce n’est pas le meilleur passeur du championnat pour rien et sans le manque d’efficacité de ses partenaires, il aurait pu accroître encore un peu plus son avance dans ce classement.
Au final, le GF38 reste dernier, perd deux points importants mais n’est toujours qu’à 4 points (5 avec le goal average) du maintien. C’est peu dans l’absolu mais c’est un gouffre compte tenu du niveau et de l’état d’esprit affichés les deux tiers du match face à la Berrichonne. Après leur pathétique prestation contre Laval, les coéquipiers d’Abardonado étaient allés se relancer en gagnant à Metz. S’ils pouvaient avoir la bonne idée de faire de même à Tours…

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Le compte-rendu détaillé du match

Crédit photo : Alain Thiriet

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